Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et de perfectibilité relative : les grâces du corps embellies par les grâces de l’esprit ; l’élégance des formes ornée par l’élégance des mœurs ; cette alliance enfin des avantages physiques les plus séduisants, et des avantages moraux les plus précieux, qui produit sans effort un type achevé de supériorité sociale auquel l’homme n’a rien à opposer que sa force. Sa force, il faut la lui laisser avec les charges pénibles, avec les soins peu dignes d’envie qu’elle impose. Ainsi l’a décidé la pensée d’ordre et d’harmonie qui soumet aux lois d’un merveilleux équilibre les espèces et les mondes, et jamais aucun système n’a prévalu contre elle. La seule révolution par laquelle les destinées de la femme puissent s’accomplir progressivement, et de l’aveu unanime du genre humain, n’est réservée ni à l’influence d’un philosophe, ni au prosélytisme d’une secte. C’est la femme elle-même qui en porte le germe fécond dans son esprit et dans son cœur.

Si nous ne sommes pas du nombre de ces adulateurs hypocrites qui s’efforcent de suggérer aux femmes une ambition déplacée, dans le dessein secret de les dépouiller de leurs véritables privilèges, nous sommes encore plus loin de nous ranger parmi ces détracteurs odieux qui leur interdisent la culture des lettres, de la poésie et des arts. Nous pensons au contraire qu’elle leur prête un charme de plus, et que nulle parure ne leur sied mieux qu’une couronne tressée par les muses. Les muses elles–mêmes sont des femmes, et le satirique jaloux qui interdit l’encre aux doigts de rose, aurait dû rougir de faire un pareil affront à sa Polymnie. Non-seulement les femmes