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n’allez pas la fouler sous vos pieds ; mais les yeux se plaisent à contempler la richesse de ses couleurs, et l’odorat respire avec délices les parfums qu’exhale son haleine embaumée.

C’est ainsi que l’on doit voir Mme la comtesse d’Hautpoul, nièce de ce Marsollier, aimable auteur de Nina, des Petits Savoyards, de Camille ou le Souterrain, d’Adolphe et Clara, etc. Fille aimable, tendre épouse et mère respectable, supportant les revers avec une fermeté d’âme d’autant plus admirable qu’elle s’unit à une sensibilité exquise, elle a su, au milieu des douceurs comme des amertumes de la vie, récolter dans le champ des Muses les fruits du travail et les lauriers de la gloire.

Les romans de Mme d’Hautpoul offrent toujours, avec une saine morale, cette pénétration d’esprit, ces pensées délicates, ces demi-teintes du cœur qui sont l’heureux secret des femmes, mais que toutes n’expriment pas comme notre auteur, avec cette grâce de style qui n’est autre chose qu’un naturel parfait.

Dans les ouvrages d’instruction destinés à son sexe, Mme d’Hautpoul développe ses intentions avec autant de clarté que de talent. Laissons-la parler elle-même : « Il ne faut pas, dit-elle, qu’une femme soit assez ignorante pour faire une question ou une réponse qui jetterait sur elle une sorte de ridicule. Il ne faut pas non plus qu’elle soit assez savante (ce qu’on ne doit pas confondre avec instruite) pour se croire en droit d’afficher une érudition déplacée. Il est bon qu’elle ne s’expose point à la raillerie, en parlant de ce qu’elle ignore, et ne montre point de prétention en parlant de ce qu’elle sait. »

À une époque oh la lyre française rend si peu d’accords harmonieux et respecte à peine cette langue poétique sortie du cerveau de Racine et de Boileau, comme la Minerve du cerveau de Jupiter, lisez et relisez les vers