Page:Biographie des femmes auteurs contemporaines françaises.pdf/258

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il est impossible de lire sans émotion les peintures des qualités excellentes de Junot, qualités qui peuvent parfaitement s’allier à la brusquerie même du soldat ; son embarras comique pour demander une jeune fille en mariage, ces soins délicats qui viennent du cœur, toutes ces scènes d’intérieur et de charme où l’homme révélait la bonté de son âme, sa joie, son délire pour son enfant nouveau-né, et ses larmes de bonheur, et ses folies, tout cela est plein de vie, de poésie et d’amour.

Le succès des Mémoires de la duchesse d’Abrantès n’a pas seulement été européen, les autres parties du globe ont aussi voulu les connaître ; presque toutes les langues d’Europe en ont une traduction. Dernièrement encore, on vient d’en publier une en Russie, où, chose singulière, les mots techniques, comme coup d’État, ne sont pas en russe, mais en français, particularité qui prouve que ces Mémoires sont tout à fait populaires ; car tous les gens comme il faut en Russie ne parlant que français, c’est évidemment pour la masse du peuple que cette traduction a été faite. Cette observation du reste a déjà eu lieu en Italie, où toutes les auberges ont à votre disposition un exemplaire de ce livre qui a si vivement frappé les imaginations de toutes les classes de la société.

Les Mémoires sur la Restauration, qui se publient maintenant, font suite à cette riche nomenclature.

L’Amirante de Castille, qui parut en 1832, est une peinture de l’Espagne et de la cour de Madrid sous le règne de Charles II. Cet ouvrage, qui n’a paru qu’après les premiers volumes des Mémoires, a été écrit en 1827 : c’est une mine précieuse et abondante de mœurs et de détails espagnols, auxquels se joignent des scènes dramatiques qui démontrent victorieusement toute la puissance que son auteur pourrait exercer au théâtre. Pour preuve de sa bonne foi, la duchesse d’Abrantès cite