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qui vibre au dernier jour des nations, c’est celle de la douleur. C’est alors qu’il y a, comme dit Virgile, des larmes au fond des choses. Une éternelle fatalité nous condamne, infortunés que nous sommes, à ne goûter les bienfaits de la vie qu’au moment de les perdre.

Écoutez ce poëte voluptueux qui décrit avec tant de charmes les joies enivrantes de la jeunesse, et dont la verve est animée de toute la sève du printemps. Depuis un demi-siècle, Anacréon ne vit plus que d’illusions ou de souvenirs. Les roses qui couronnent son front ne cachent que des cheveux blancs.

Écoutez celui-ci, qui se complaît tous les jours dans la peinture des innocentes félicités de la retraite et des champs. « O belles campagnes, s’écrie-t-il, quand pourrai-je vous revoir ? » Il ne les reverra jamais ; car ce philosophe est un courtisan lié par des chaînes d’or à la demeure des rois.

L’acception politique de ce mot magique de liberté, si nouvelle et si mal définie, date d’une époque étrange où les dernières libertés des nations allaient mourir sous les deux règnes les plus absolus de l’histoire, le règne sanglant du comité public, et le règne éblouissant de Napoléon : lieu commun vulgaire de rhétorique, usé par la tolérance des gouvernements modérés ; cri de ralliement frauduleux du despotisme de la guillotine et du despotisme de l’épée. N’allez pas, amants généreux de la liberté, demander la liberté aux peuples qui prodiguent son nom avec une folle munificence. La tyrannie ne tardera pas d’y venir, si elle n’y est déjà.