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M. de Balzac, il advint qu’un jour elle trouva dans le Salmigondis, recueil de contes, une nouvelle intitulée le Comte Ckabert, qui lui parut excellente. Le nom de l’au¬ teur qu’elle avait si souvent combattu ne gêna point l’expression de son admiration ; et sans craindre de pa¬ raître chanter la palinodie, elle s’exprimait ainsi, dans le Journal des Femmes, du 20 octobre 1832 : « Ce comte

« Chabert est mort à Eylau. Sa femme s’est remariée.

«Mais non, je m’arrête. — H faudrait transcrire cette « œuvre miraculeuse ! Un mot de moins, un mot autre « que celui employé par M. de Balzac, seraient autant «d’actes de vandalisme, autant de sacrilèges. Quelle « puissance que celle qui fait faire de telles évocations « avec une plume et un chiffon de papier! Seulement je « demanderai à M. de Balzac si, après avoir fait sortir « de son cerveau trois personnages vivants et caractérisés «commele sont le comte Chabert, la comtesse de Fer-

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«rend et M. Derville l’avoué, on n’a pas peur de soi- « même ? Si l’on ne craint pas d’être quelque chose de «plus qu’un simple mortel? Car il n’est pas démontré «que M 016 Ferrand soit l’ouvrage de Dieu ; que ce type «de perversité froide existe à Paris, à Londres ou à « Vienne ; mais pour sûr il vit dans l’ouvrage de M. de «Balzac ; il y vit, non pas pour trente, quarante, quatre- «vingts ans, mais à toujours! Âh! qu’il est beau d’être « ainsi créateur, ne fut-ce qu’une fois en sa vie! »

Voilà sans doute une preuve bien grande de bonne foi, et qui suffît seule à justifier notre assertion. Veut-on maintenant des preuves de moralité? qu’on lise les ar¬ ticles du Courrier de l’Europe, du 21 août 1831, et du Journal des Femmes, du 21 septembre 1833, sur deux ouvrages de M. de Balzac, la Peau de chagrin et le Médecin de campagne ; qu’on lise encore celui inséré le 29 octobre suivant dans ce dernier journal, sur le Prêtre