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de betteraves. L’invasion déjoua tous ses calculs ; la chute fut complète. 11 était encore sous le coup de ce désastre, quand sa femme tomba gravement malade. Félicité la soigna jour et nuit, et paya bien cher l’ac¬ complissement de ce devoir^ La fatigue, la douleur d’une ruine récente, l’anxiété que lui causait la maladie de sa mère, vingt nuits de veilles au milieu de l’hiver, échauf¬ fèrent son sang, excitèrent outre mesure le système ner¬ veux à Un âge où les émotions pénibles Sont toujours dangereuses. Un affaiblissement graduel de l’organe de l’ouïe, accompagné bientôt d’insupportables bourdonne¬ ments, fut suivi d’une violente fièvre maligne* Grâce à de prompts secours, la vie fut sauvée ; mais la surdité résista aux remèdes les plus énergiques».

Ainsi, en quelques mois, la jeune fille naguère si gaie, si heureuse, avait perdu sa fortune, sa santé. Elle avait aussi perdu tous ses anciens amis ; Car sa famille avait quitté le Bourbonnais pour se réfugier à Paris. Et là, comment former des amitiés nouvelles? Dans le monde, que d’angoisses à chaque question qu’elle n’entendait pas ! que de trouble à chaque réponse qu’elle ne pou¬ vait saisir ! Dans la solitude, que dé’ tristes réflexions, de regrets amers, de souvenirs douloureux ! Alors s’ac¬ croissaient ces bruissements étranges,, cessons bizarres, ces sifflements aigus, stridents internes qiii fatiguaient l’oreillè insensible aux bruits extérieurs. Pour les com¬ battre, pour les oublier un moment, la malade se livrait à l’étude, et l’étude les exaltait encore : c’était tout à la fois l’isolement dans là société, le tumulte dans la soli¬ tude, le trouble dans la méditation.

Dans cette longue lutte contre tant de souffrances diverses, Félicité ne perdit pas courage. Sa pensée, élevée vers Dieu, puisait une vigueur nouvelle dans de pieuses méditations qui lui procuraient une douce paix. Cepen-.