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Ce noble et généreux emploi de son talent valut à M me de Genlis la plus flatteuse des célébrités, et Ton applaudit généralement à M. et à Mme la duchesse de Chartres, lorsqu’ils lui confièrent l’éducation de la prin¬ cesse leur fille x, au moment de sa naissance. Mais lors¬ que, après avoir été nommée gouvernante de Mademoi¬ selle, elle fut aussi revêtue de la dignité de gouverneur des jeunes princes ses frères, une clameur générale s’éleva contre elle. On oublia que le meilleur des rois de France, Louis IX, avait été élevé par une femme ; tous les courtisans qui se croyaient des droits à ce nouvel honneur devinrent les ennemis de M œo de Genlis ; ils se joignirent aux encyclopédistes et aux partisans de Vol¬ taire, dont la comtesse méprisait hautemen t les prin¬ cipes, et qu’elle attaqua dans tous scs ouvrages comme aussi immoraux qu’impies. La révolution française, qui éclata en 1789, ligua de plus contre elle les royalistes, qui lui reprochèrent d’avoir secondé les projets ambi¬ tieux de M. le duc d’Orléans, et peut-être de les lui avoir inspirés ; tandis que les jacobins, qui succédaient à ceux que l’on nommait alors les philosophes, l’accusèrent à la fois de fanatisme et d’hypocrisie.

M“ c de Genlis émigra en 1792 ; elle vécut alternative¬ ment en Suisse, dans le Holstein et en Prusse. Réduite à la plus extrême pauvreté, elle n’eut recours à la mu¬ nificence d’aucun gouvernement ; elle donna des leçons, elle peignit pour vivre, quand sa santé ne lui permit pas d’écrire, ou quand elle ne trouva point d’éditeur. Sa soumission et sa résistance à l’adversité ne se démenti¬ rent point jusqu’à l’époque du consulat, où elle fut rayée de la liste des émigrés.


1 Aujourd’hui madame Adélaïde. Elle uaquii jumelle T mais sa sœur mourut à cinq ans.