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prit, ses talents et les agréments de sa personne. Mme de Gcnlis était grande ; son visage, plus délicat encore que régulier, était embelli par un teint d’une blancheur éclatante ; ses mains et ses pieds pouvaient servir de modèles. Une grâce particulière de maintien, un goût exquis dans la manière de dire, un talent et une gaieté qui, dans aucun moment, n’allaient jusqu’à l’inconve¬ nance, tout ce qui peut plaire enfin, se trouvait réuni dans cette jeune femme, qui pouvait à la fois compren¬ dre les savants, juger les artistes et briller âu milieu de la cour la plus élégante. Ajoutons, pour maintenir l’éter¬ nelle vérité qui ne place la félicité que dans la fortune médiocre et la vie obscure, que la comtesse de Genlis a dit : que le temps le plus malheureux de sa vie fut celui quelle passa au Palais-Royal 1 . Ecrire fut, des nombreuses occupations qu’elle s’était imposées, celle que M me de Genlis préféra toujours. Le premier ouvrage qu’elle fit publier dans un journal littéraire, sans mettre son nom, fut l’ Amant anonyme ; mais plusieurs comédies morales qu’elle écrivit pour l’éducation de ses filles, et qu’elle leur fit représenter, eurent un succès si prodigieux, que la supériorité de la comtesse de Genlis, comme écrivain, fut proclamée dans toutes les sociétés. Cette supériorité eut bientôt un retentissement en Europe, lorsque pour retirer de leur prison trois gentilshommes 2, M®* de Gen¬ lis fit imprimer et vendre à leur profit le premier vo¬ lume du Théâtre cTéducation.


1 Mémoires y tom. m, pnjy. 1.


3 Les trois MM. de Quessat. Insultés par un négociant de Bordeaux* qui passait devant leur maison » un d’eux lui cassa le bras d’un coup de pistolet. Quoique défendus par Gerbicr, ils furent condamnés à demeurer en prison jusqu’à ce qu’ils eussent payé 75.000 francs. Leur captivité eût été perpétuelle si le livre de M”* de Genlis u’eut rapporté 46,000 francs dont M. Damade, leur adversaire, voulut bien se contenter.