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la chaleur de la diction, l’éclat de la jeunesse et de la beauté, la dignité du sexe et du talent, tout concourut à produire un vif enthousiasme.

La jeune et brillante auteur de Sapho, en défendant la cause de son sexe, a donné l’exemple aux femmes auteurs de lire publiquement leurs ouvrages. Plusieurs sociétés savantes s’empressèrent de l’appeler dans leurs rangs ; la première fut le Lycée des Arts 3 dont aucune femme n’avait encore été membre : cette société se compo¬ sait des littérateurs les plus célèbres, et des académiciens que la tourmente révolutionnaire avait arrachés de leur sanctuaire. C’est dans cette société qu’elle lut les éloges de l’astronome Lalande et du comique Sedaine : l’un savant profond, penseur hardi, et qui, portant la témé¬ rité jusqu’à tenter d’extirper les préjugés les plus enra¬ cinés dans le cœur humain, oublia que la philosophie sans illusion est trop pesante pour l’intelligence vul¬ gaire. L’autre, poëte par instinct, comique plein de verve, créateur d’un genre dont la naïveté, l’intérêt, le naturel mit la comédie en rapport avec les goûts et les sympathies de tous les rangs de la société. M mft Con¬ stance Pipelet peignit le caractère de ces deux hommes célèbres dans des genres si différents, avec un pinceau hardi, dont la touche souple et variée en reproduisit toutes les nuances. Sa réputation s’étendait sans cesse. Sa société était avidement recherchée par tous les sa¬ vants, les artistes et les écrivains. Il n’était aucun étran¬ ger qui ne s’empressât de connaître personnellement celle dont les œuvres l’avaient charmé. Elle fut liée d’amitié avec la plupart des hommes remarquables de l’époque. Un personnage célèbre trouve facilement des amis, mais ce qui l’honore le plus, c’est de les conserver : jamais elle ne quitta un ami, jamais un seul ne cessa de l’aimer.

M,nc Constance Pipelet prêta l’appui de son talent à tons