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losopbiques suffisaient à l’active curiosité d’un peuple spirituel et poli, léger mais instruit, capricieux mais juste par instinct ; et dont la morale, la politique, la philosophie, le progrès social, n’avaient d’interprète que la littérature : on s’occupait alors de la publi¬ cation nouvelle d’une épitre, d’une ode, d’un dithy¬ rambe, plus sérieusement et plus longuement qu’on ne s’occupe aujourd’hui d’un bouleversement de ministère, du gain d’une bataille, de la chute d’un trône. Siècle d’or de la littérature, que nous ne regrettons, peut-être, si vivement que parce que nous ignorons les tourments qui naissaient à côté des avantages dont le souvenir nous est seul transmis. Le sexe du nouveau poëte ajoutait à l’intérêt inspiré par la précocité de sa vocation. Parmi différentes pièces de vers recueillies dans VAl- rnanach des Grâces, de 1785 à 1789, on remarque sur tout la chanson Bouton de rose, dont Pradher fît la mu¬ sique ; elle obtint un succès populaire,le plus flatteur des succès, envié même par les talents du premier ordre. On ne mentionne ici ce faible titre de M t,c de Tbéis que pour signaler un des premiers pas de sa brillante carrière.

La révolution de 89 allait éclater, l’antique édifice social s’écroulait, tous les préjugés s’évanouissaient devant l’aurore d’un siècle qui semblait promettre une régénération toute philosophique. M,lc de Théis épousa M. Pipelet de Leuri, homme opulent et fils d’un secré¬ taire du roi. Ce mariage, en l’appelant à Paris, offrait à la jeune adepte des Muses un moyen de vivre dans une atmosphère littéraire. Brillante par l’esprit, la beauté «  la jeunesse, l’opulence, environnée de tous les homma¬ ges, elle demeura fidèle à la littérature. Quelque temps après son mariage, elle publia plusieurs pièces de vers, où se manifestait l’alliance de la grâce facile à une raison puissante, qui, plus tard, la fit surnommer par