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force que de naturel, Chénier admirait la variété des sentiments et des images, M me Dufresnoy la pureté du style et l’harmonie ; etDucis disait à sa nièce adoptive : «Vous savez depuis longtemps combien dans vos vers j’ai reconnu et chéri l’énergie rare de votre âme. Née pour être amante, épouse, mère et patriote passionnée, pour être excellente hile, fidèle et généreuse amie, vous avez dû souffrir beaucoup. Telle a été votre destinée. Mais votre douleur maternelle, confiée à vos éloquentes élégies, vivra longtemps dans vos vers ! »

Le nom de M me Victoire Babois était dans toutes les bouches. scs élégies faisaient partout couler les larmes, les journaux retentissaient de son nom ; mais bien peu de personnes avaient le bonheur de la connaître. Retirée à Versailles, elle y vivait ignorée, entourée d’un petit cercle d’amis et de ses nièces, qu’elle• élevait avec les soins les plus tendres. Peu désireuse d’aller au-devant de la curiosité qu’une femme qui écrit a toujours le malheur d’exciter, et loin de chercher à.se montrer, elle évitait les regards et elle ne songeait point à s’enorgueillir de ses talents. La jeunesse avait fui, mais non pas ces jouissances de l’âme qui conservent leur fraîcheur et leur vivacité jusque sous les glaces de l’âge. Ces pures jouissances, M me Victoire Babois les a chantées dans son épitre l’Amitié et dans son élégie tIntimité.

Trop supérieure pour ressentir jamais ce sentiment de rivalité qui, dit-on, divise entre elles les femmes de lettres, elle était heureuse au contraire d’avoir des élo¬ ges à donner aux femmes dont le nom commençait à s’environner de quelque gloire ; et dans son épître à Cfotilde de Surville, dans les notes qui l’accompagnent, M œc Victoire Babois a pris un noble plaisir à prouver que le nombre des femmes poëtes est plus grand qu’on ne l’avait dit jusqu’à elle, et à faire briller d’un vif éclat ces