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sa toilette pour monter en scène, et cherche une redingote ; sa main errant autour de lui, il ne trouve pas le vêtement cherché, et donne des signes de mécontentement ; à un autre moment, pendant qu’il est occupé à écrire une lettre à son général, on enlève rapidement la feuille de papier sur laquelle il écrit, et il donne un signe de surprise ; surprise, mécontentement, qu’est-ce que tout cela, sinon des signes de conscience ? Et ne suffit-il pas de ces quelques faits pour jeter les doutes les plus sérieux sur l’hypothèse de l’homme-machine ?

À mesure que nous avancerons dans notre sujet, nous aurons plus d’une fois l’occasion de montrer que la conscience n’abdique pas si facilement ses droits qu’on l’a admis jusqu’ici, et qu’elle peut subsister au sein d’une activité psychologique rudimentaire.


II


Depuis la publication du mémoire de M. Mesnet, il a paru un certain nombre d’observations du même genre, qui en ont confirmé l’exactitude.

Les plus importantes de ces observations nouvelles sont, sans contredit, celles qui ont été recueillies et publiées récemment par M. Charcot et ses élèves. M. Charcot a eu l’obligeance de me montrer ses malades et j’ai trouvé une ressemblance psychologique complète avec le cas de M. Mesnet. Ces malades présentent tous cette systématisation exagérée de l’activité intellectuelle, qui leur fait percevoir certains objets avec une très grande finesse, tandis que d’autres passent complètement inaperçus. Voici une de ces observations, je l’emprunte à une publication très intéressante de M. Guinon[1] :

« Il s’agit d’un nommé de B…, âgé de vingt-neuf ans,

  1. Progrès médical, 1891, nos 20 et sq.