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DEUX MOTS DE CONCLUSION

La mémoire a ensuite attiré notre attention, car elle est une des bases de l’instruction et elle atteint chez l’enfant un maximum de développement. Le maître doit s’occuper de mesurer la mémoire de chaque écolier, pour ne pas la surcharger, et surtout pour ne pas donner à tort et à travers des récompenses et des punitions qui ne seraient pas méritées. Nous avons montré que la mémoire se mesure, dans une expérience collective, aussi facilement que l’acuité visuelle. Après un mot sur l’étude et la cure des illusions de mémoire, qui sont en grande partie des erreurs de jugement, nous avons dit que la distinction des écoliers en visuels, auditifs et moteurs ne présente, dans l’état actuel de nos connaissances, aucune garantie d’exactitude et par conséquent aucun intérêt. Nous avons terminé en traçant un programme de l’éducation de la mémoire, qui peut, tout comme l’intelligence, être entraînée par des exercices méthodiques. Nous avons surtout insisté sur la nécessité d’exercices gradués et nous avons prouvé par quelques observations quelles erreurs on commet en abandonnant cette méthode.

Le chapitre des aptitudes des enfants est à peine ébauché ; la question des corrélations est encore mal connue ; nous sommes ici dans la science de demain. Nous nous sommes bornés à réclamer, pour les enfants qui ne réussissent pas dans les travaux littéraires l’accession aux travaux manuels, auxquels on attache avec tant de raison aujourd’hui une grande valeur éducative. Toutes les fois qu’un enfant est dans les derniers de sa classe, on devrait examiner ce dont il serait capable dans un atelier de bois et de fer.

Un dernier chapitre sur l’éducation morale et sur la paresse nous a permis de démontrer dans un tableau d’ensemble la variété des procédés dont dispose un éducateur pour agir sur un enfant ; l’œuvre de demain consistera à établir des relations entre les