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LA MÉMOIRE

De ces deux moyens, lequel est le plus facile, le moins douloureux ? La répétition. Lequel est le plus efficace ? L’attention. De délicates mesures[1] ont été prises sur des sujets entraînés, à qui on faisait apprendre une centaine de mots, puis ces sujets, des adultes, furent conviés à expliquer avec le plus grand soin leurs procédés, et on a vu que les uns ne répètent les mots qu’une fois, d’autres deux fois, d’autres trois, d’autres quatre ; or ce sont ceux qui les ont le moins répétés, mais y ont fait le plus attention qui se rappellent le mieux. Il faut donc, dans la mesure du possible, éviter les répétitions, que l’on fait souvent d’une manière machinale, mais concentrer tout ce qu’on a de force d’attention sur le fait ou l’idée qu’on veut absolument retenir. C’est quelquefois difficile, car on n’est pas toujours maître de son attention. Ce qui est encore plus efficace que l’attention volontaire, c’est l’intérêt présenté par une impression ou une idée à retenir[2].


5o La manière de répéter : méthode fragmentaire, méthode globale. Il y a mieux. Si nous serrons la question de plus près, nous voyons que la répétition peut se faire de diverses manières, dont la vertu est bien différente. Il y a d’abord la lecture à haute voix, distinguée de la répétition mentale ; et il est démontré que c’est cette dernière qui a le plus d’efficacité, sans doute parce qu’elle exige une attention plus forte[3]. Il y a en outre l’étendue de la répétition mentale ; parfois les lectures et répétitions que nous faisons du

  1. Smith. American Journal of Psychology, juillet 1896.
  2. Sur les effets comparatifs de l’intérêt, de la répétition et d’autres causes secondaires, voir le travail de Miss Calkins : Association. Psychological Review, I, no 5, p. 476. Analysé dans Année Psychologique, I, p. 392.
  3. Katzaroff. Le rôle de la récitation comme facteur de la mémorisation. Arch. de Psychologie, 1908, no 7.