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INTRODUCTION

son opuscule, fut distrait des Œuvres où il avait paru en 1584 et 1587[1]. Il ajoute enfin une page sur Ronsard poète latin, d’après plusieurs passages des Œuvres, et sur Ronsard prosateur, d’après le manuscrit d’un de ses discours académiques[2].

Toutes ces additions de la troisième rédaction ont-elles amélioré le texte au point de vue historique ? Il s’en faut. Quelques-unes ont évidemment augmenté le nombre des faits concernant Ronsard et son œuvre ; mais la plupart sont d’ordre moral ou d’ordre purement littéraire. Sauf en deux endroits, Binet ne s’est guère soucié d’être plus exact que précédemment : non seulement on retrouve en 1597 celles des erreurs primitives qu’il avait conservées en 1587[3] et celles qu’il y avait alors ajoutées[4], mais il en commet de nouvelles, dont quelques-unes peuvent passer pour volontaires, car elles tendent à innocenter Ronsard, ou à dramatiser de simples affirmations antérieures sur les premières relations de Ronsard et de Du Bellay[5] ; et les citations qu’il insère ont pour but d’illustrer son texte bien plus que de confirmer son dire ; il va, tant il les aime, jusqu’à leur sacrifier la suite des idées. Le plus souvent ses additions lui servent à développer par amplification oratoire ce qu’il avançait tout bonnement dans les premières éditions : réflexions générales, rapprochements artificiels, comparaisons, métaphores, voilà ce

  1. V. ci-après le Commentaire, pp. 232 à 233.
  2. Ibid., pp. 234 et 235.
  3. Par ex. Ronsard au camp d’Avignon tout de suite après le collège de Navarre ; Ronsard à la diète de Spire ; Ronsard apprenant en peu de temps l’anglais et l’allemand ; Ronsard en Piémont ; plus âgé que Baïf seulement de quatre ans ; Ronsard publiant les Amours avant les Odes ; Ronsard écrivant contre les protestants et récompensé de cette intervention sous le règne de François II ; Ronsard à la suite de Charles IX ; dédiant ses Eclogues à Charles IX.
  4. Par ex. sur la première ode composée par Ronsard : sur le Dialogue des langues de Speroni.
  5. Par ex. sur l’étymologie de la Possonnière ; sur Loys de Ronsart, maître d’hôtel de François Ier ; sur la naissance du poète le jour de la défaite de Pavie ; sur sa première rencontre avec Marie ; sur Charles d’Orléans, dont il fait le 2e fils de François Ier ; sur l’auteur des Dithyrambes et la composition des Folastries ; sur un quatrain liminaire de la Franciade ; sur les circonstances de la rencontre de Ronsard et Du Bellay, et celles de leur mésintelligence passagère.

    Mlle Evers affirme inexactement que « la 3e édition ne contient pas de corrections, qui ne soient pas aussi dans la 2e », autrement dit que la 3e édition ne contient pas de corrections nouvelles. S’il s’agit de faits, Binet en a corrigé au moins deux, l’un avec raison d’après le Tombeau de Marg. de France, l’autre à tort d’après l’Hymne de Henri II (v. ci-après, Commentaire, pp. 74, 78 et 82, 83. S’il s’agit de corrections dans le style, elles sont assez nombreuses : Binet a fait disparaître à l’aide de synonymes des répétitions inutiles de mots (voir ci-après, p. 2, lignes 35 et 38, où adonc remplace lors, region remplace païs) ; en revanche il a introduit des répétitions inutiles, qu’il aurait pu facilement éviter (ibid., p 12, lignes 38 et 41, les mots bonnes et des lors ; p. 19, lignes 42 et 44, le mot ressembler) ; il a supprimé des incidentes inutiles, qui ne faisaient qu’alourdir son texte (ibid., p. 6, l. 29, faire son proffit de toutes ; p. 7, l. 42, sur la fin de ses voyages) ; ailleurs il a supprimé des et et des qui ; enfin il semble bien qu’il ait voulu éviter des tournures équivoques (ibid., p. 3, l. 39, de la Poësie, telle que le temps pouvoit porter ; p. 16, l. 24, ce qu’il semble quasi vouloir donner à cognoistre... et la note des pp. 120-121 ; p. 19, lignes 34 et suiv., de laquelle se lisent assez de sonnets).