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ET CRITIQUE

connu de ses ouvrages est une Poétique divisée en sept livres, qui eut un grand retentissement (cf. Lintilhac, thèse latine de Paris, 1888). — Son fils, Joseph Scaliger, fut un des critiques de textes les plus érudits de son temps ; c’est lui qui publia la première Anthologie latine en 1573, six ans avant celle de Claude Binet ; il enseigna à Genève, puis à Leyde. Lui aussi a dédié une de ses œuvres à Ronsard, la traduction grecque du Moretum en 1563 (cf. Egger, Hellénisme en France, I, 222, note), l’année même où, de son côté, Lambin dédiait à Ronsard le 2e livre de son édition de Lucrèce.

P. 42, l. 29. — ingruit. Ces vers forment la dédicace entière des Anacreontica de Jules-César Scaliger, publiés pour la première fois dans son recueil de Poemata à Genève en 1574, par les soins de son fils. Je les ai lus dans une édition postérieure des Poemata (Genève, 1591, première partie, p. 472). Ils sont bien dédiés Ad Petrum Ronsardum, Strophes asclépiades (2 glyconiques et 2 petits asclépiades entrelacés).

P. 42, l. 31. — pour lors. Il faut comprendre : « Je ne celerai point pourtant que par la complainte sur la mort d’un ami de Francus, et par les obsèques de cet ami, il m’a dit avoir entendu un Prince qui estoit fort necessaire pour l’Etat pres de Charles IX qui regnoit alors. » — Cf. l’argument du 3e livre de la Franciade, vers le milieu : « Francus celebre les funerailles d’un capitaine son cher amy », et cette note écrite par A. Jamin pour l’éd. primitive : « Je me doute que l’autheur entend icy dessous quelque grand capitaine de nostre temps ». (Bl. III, 140 et 164 à 168.)

Ce grand capitaine est sans doute François de Guise, mort en févr. 1563, à moins que ce ne soit Anne de Montmorency, mort en nov. 1567 ; si l’on s’en rapporte à Binet, c’est de François de Guise qu’il s’agit, car le titre de Prince ne convient qu’à lui.

P. 42, l. 32. — nostre temps. Les épopées antiques furent interprétées allégoriquement durant tout le Moyen Age. Pétrarque lui-même voyait des allégories partout dans l’Enéide. Cette façon d’interprétation remonte à St Basile et à Fulgence Planciade. Au xvie siècle, sous l’influence persistante de la scolastique, on en usait encore, témoin Lemaire de Belges en ses Illustrations de Gaule (I, ch. xxxi et xxxv ; cf. Stecher, Œuvres de Lemaire, Notice.) Au xviie siècle, Chapelain déclarait encore, dans la préface de sa Pucelle, que Charles VII y représentait la volonté humaine, et Jeanne d’Arc la grâce divine. — Cf. ci-dessus, p. 122, aux mots « deslors amoureux ».

P. 42, l. 48. — Barga. Pour P. Victor, v. ci-dessus, p. 188. — Pierre Barga, c’est Pietro degli Angeli, ou Angelio, originaire de Barga en Toscane, d’où son surnom latin Bargeus ou Bargœus. Poète néo-latin, né en 1517, mort en 1596 ; professeur à Reggio, puis à l’Université de Pise, où le connut sans doute Cl. Binet. Ses principales œuvres sont le Cynegeticon (6 chants) et la Syriade (12 chants). Ses poésies complètes ont paru à Florence en 1568.

Binet a adressé une pièce de vers latins à Pierre Victor, et une autre à Angelio de Barga ; elles ont été publiées en octobre 1579 à Poitiers, à la fin de l’opuscule de Binet intitulé C. Petronii Arbitri Epigrammata pp. 32 et 33. Voir ci-dessus. Introduction, § II.