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COMMENTAIRE HISTORIQUE

« Comme ton Ronsard trop et tresarrogamment se glorifie avoir amené la lyre grecque et latine en France, pource qu’il nous fait bien esbahyr de ces gros et estranges motz, strophe et antistrophe. Car jamais (paraventure) nous n’en ouysmes parler. Jamais nous n’avons leu Pindar... » (Edition de la Deffence par Chamard, p. 225, note 2.)

Il est probable que c’est une des sources du passage de Binet, surtout en C.

P. 18, l. 12. — Pindariser. Cf. Henri Estienne : « Ceux qui s’escoutant pindarizer à la nouvelle mode, barbarisent aux oreilles de ceux qui suivent l’ancienne » (Apol. pour Herodote, I, 33). Ronsard avait écrit dans l’ode A Calliope (1550) : « Le premier de France | J’ay pindarisé... », et Peletier dans son Art Poëtique (1555) lui attribua non seulement l’invention de la chose, mais celle du mot. Or le mot pindariser est bien antérieur à Ronsard, puisqu’on le trouve dans Rabelais (II, chap. vi), dans Lemaire de Belges (Temple de Venus) et dans Octovien de Saint-Gelays (Sejour d’honneur). Cf. Delboulle, Rev. d’Hist. litt. de la Fr., 1897, p. 283.

On le trouve également dans Jean Bouchet, Regnars traversant les perilleuses voyes (1502), et Epistres familieres, n° xviii (1545). Ces deux derniers exemples ont été cités par A. Hamon dans sa thèse sur Jean Bouchet (1901) et relevés par H. Chamard dans la Revue critique du 23 déc. 1901, p. 491.

P. 18, l. 16. — j’estois obscur. Voir Bl., I, 147. Binet cite en A le texte de l’éd. coll. de 1584 (cf. M.-L., I, 131) ; en B il cite le texte de l’éd. coll. de 1587. Ce sonnet parut en 1555, en tête de la Contin. des Amours. Tyard avait mis en 1552 dans la bouche de sa Pasithée un résumé des plaintes que la masse des lecteurs articulait contre l’obscurité des premières œuvres de Ronsard (cf. Œuvres de Tyard, éd. M.-L., p. 228).

P. 18, l. 24. — impudence. Cette addition est inspirée de trois vers de l’Elegie de L’Hospital Magnificis aulae cultoribus (v. ci-après, p. 133) :

Diceris ut nostris excerpere carmina libris
Verbaque judicio pessima quaeque tuo
Trunca palam Regi recitare et Regis amicis.
(Bl. IV, 362.)

P. 18, l. 28. — Ptolomée. « Impatient que.... », latinisme pour « ne pouvant souffrir qu’un autre... » Toute cette phrase est presque textuellement empruntée à la préface (Epitre au Lecteur) de l’édition princeps des Quatre premiers livres des Odes (1550). « Tel fut jadis Bacchylide à l’entour d’Hieron Roi de Sicile tant notté par les vers de Pindare : et tel encores fut le sçavant envieus Challimaq impatient d’endurer qu’un autre flattast les oreilles de son Roi Ptolemée, medisant de ceus qui tâchoient comme lui de gouter les mannes de la roialle grandeur. » (Bl., II., 14 ; texte rectifié par M.-L., II, 477.) — Une partie de la phrase suivante est empruntée à cette fin de l’Avertissement au Lecteur qui précédait la même édition de 1550 : « ... lors le Poëte se doit assurer d’avoir bien dit, voire de la victoire, puisque ses adversaires, mal embastonnez, le combatent si foiblement » (Ibid., 18.)

P. 18, l. 47. — prisé. Ode à Calliope, publiée en 1550 (Bl., II. 135). On