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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Mais de tous ces documents il ne ressort nullement que Carnavalet ait accompagné Ronsard vers 1544-45 chez Lazare de Baïf pour assister aux leçons particulières de grec que Dorat y donnait à Antoine de Baïf. L’assertion de Binet, qui a priori paraît suspecte, ne se trouve confirmée par aucun texte. Il a pu cependant la tenir de la bouche de Dorat ou d’Ant. de Baïf.

Sur ce personnage, qui resta jusqu’à sa mort un modèle de sagesse et de probité, v. encore la dédicace des Discours sur les vertus de l’antimoine par J. Grevin (1566) ; l’épitaphe du tombeau que lui fit ériger à Saint-Germain l’Auxerrois H. de Cheverny, chancelier de Henri d’Anjou ; Le Laboureur, Additions aux Mémoires de Castelnau, VII, notice ; le P. Anselme, Hist. des grands off. de la Couronne. — L’Hôtel, devenu Musée, qui porte son nom à Paris, ne lui a pas appartenu ; il fut seulement vendu à sa veuve, Françoise de la Baume, par le fils du Président de Ligneris (Dictionn. de Biographie générale).

P. 11. l. 3. — Tournelles. On sait que le palais des Tournelles était situé sur l’emplacement de la partie nord de la place des Vosges actuelle.

P. 11. l. 6. — mes estudes. Si, comme je le crois, Binet est né vers 1553, ce n’est pas au collège de Coqueret qu’il fut l’élève de Dorat ; mais il a pu être son auditeur au Collège de France, où Dorat enseigna de 1556 à 1567.

L’addition de C relative à Dorat a été prise à la Bergerie qui forme l’Eglogue I, du moins au texte de l’édition posthume de 1587, que voici :

Et toy divin Dorat, des Muses artizan.
Qui premier amoureux de leur belle neufvaine.
Par les outils des Grecs destoupas la fontaine
D’Helicon.

Blanchemain (éd. de Ronsard, IV, p. 32) donne cette variante comme étant de 1584. Or on lit dans l’édition de 1584 :

Et toy divin Dorat, des Muses artizan,
Qui premier anobly de l’honneur de ta peine
As aux peuples François destoupé la fontaine
D’Helicon. (édition Marty-Lav., III, 380.)


C’est évidemment le texte de 1587 que Binet a consulté.

Sur l’influence de Dorat comme humaniste, voir, outre les témoignages de Ronsard, Baïf et Du Bellay (rappelés dans ma thèse sur Ronsard p. lyr., p. 343, note 2), celui d’un de ses élèves de Coqueret, G. M. Imbert, Sonets exoteriques (1518), nos 8 et 45, et celui d’un de ses auditeurs au Collège Royal, Jean Le Masle, Nouvelles recreations poëtiques (1580), pièce sur l’Excellence des poëtes français, adressée à Dorat, fo 52.

P. 11, l. 9. — son fils. La maison de Lazare de Baïf s’élevait « sur les fossez Saint Victor aux faubourgs », d’après l’acte de fondation de l’Académie de Poésie et de Musique que son fils Antoine y établit en 1570 (Frémy, Académie des dern. Valois, p. 51). « Domum et situ et cultu peramoenam incoluit Lutetiae suburbiis », dit simplement Sc. de S. Marthe en 1598 (Elogia, liv. I, art. Bayfii pater et filius). « Elle estoit à l’entrée de l’un des plus agréables faubourgs de la ville,