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COMMENTAIRE HISTORIQUE

stature, laquelle il avoit extremement Auguste et Martiale, de sorte qu’il sembloit qu’elle eust mis entierement son estude et son industrie à préparer un lieu qui peust recevoir dignement ceste ame excellente, pleine de tant de gloire et de lumiere, de laquelle les beautez du corps devoient estre comme la splendeur et les rayons. » (Or. fun., texte de 1586, pp. 28-29.) — Binet a certainement profité du travail de Du Perron, soit qu’il en ait retenu de mémoire quelques expressions, soit plutôt que l’Oraison funèbre ait été imprimée avant le Discours de la vie de Ronsard.

Pour l’iconographie de Ronsard, v. A. de Rochambeau, op. cit., ch. iii. Les portraits qui nous sont restés de sa jeunesse sont quelque peu conventionnels (Amours de 1552 et 1553 ; Odes de 1555 ; Œuvres de 1560). Mais il reste quatre œuvres qui sont des documents du plus haut intérêt sur la vraie physionomie de Ronsard après 40 ans : 1° Une médaille de Jacques Primavera (Notice cit., par Chabouillet) ; 2° et 3° Un portrait et un buste qui sont au Musée de Blois (Etude, par P. Dufay) ; 4° Un crayon qui est au Musée de S. Pétersbourg (Gazette des Beaux-Arts, de juin 1907, art. de C. Gabillot). — Ronsard vieillit assez vite au physique : à 30 ans il était gris et chauve, et dès lors maigre, pâle, défait, miné par la fièvre intermittente, en proie aux douleurs et aux insomnies. Les peintures qu’il nous a laissées de lui-même à partir de 1553 sont loin de correspondre aux descriptions brillantes de Binet et Du Perron. V. par ex. les sonnets : Sur mes vingt ans (1553) ; Dame je meurs pour vous (1555), les odes : Laisse moi sommeiller (1554) ; Quand je suis vingt ou trente mois (1555), Ma douce jouvence est passée (id.) ; Ah ! fiévreuse maladie (id.) ; Pour avoir trop aimé vostre bande inegale (1556) ; le poème à P. Lescot, Puisque Dieu (1560, vers 10 et suiv.) ; la Response aux injures (1563, vers 285).

P. 9, l. 5. — du Roy. Dans tout le passage qui commence ici et finit à « l’an mil cinq cens xliii », Binet quand il dit « le Roy » désigne Henri II, soit par un abus conscient de ce mot, soit plutôt par ignorance : en effet le prince qui fut Henri II n’était encore que dauphin à l’époque où Binet en est de son exposé, bien qu’il eût déjà une Cour et des Ecuries particulières sous le règne de son père François Ier. Voir ci-dessus, p. 82, aux mots « à la Couronne ».

P. 9, l. 22. — pour la veüe. Cf. J. Velliard : « Vir sapiens et acutus, qui benè semper audierat, ne tandem (ut est in aula rerum vicissitudo) ideo male audiret, quia male audiebat, ex hac vaga et irrequieta vita, ubi multo plus audiendum est quam loquendum, ad requietem animi sese in tranquillissimum Academiae portum recepit... » (Laud. fun. I, ff. 6 v° et 7 r°).

P. 9, l. 25. — page avec Ronsard. Cf. Du Perron : « Or ce fut là (en Escosse) premierement qu’il commença à prendre quelque goust à la Poësie : car un gentilhomme Escossois, nommé le seigneur Paul, qui estoit fort bon poëte Latin, et qu’il l’aimoit (sic) extremement, prenoit la peine de luy lire tous les jours quelque chose de Virgile ou d’Horace, ou de quelque autre autheur, et de le luy interpreter en François ou en Escossois : et luy d’autre costé qui avoit desja veu quelques rymes de Marot et de nos anciens Poëtes François, s’efforçoit de le mettre en