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ET CRITIQUE

Qu’on surnommoit Hobere, ayant bien cognoissance
De toy montant dessus : car d’une reverence
Courbé le saluoit : puis sans le gouverner
Se laissoit de luy-mesme en cent voltes tourner
Si viste et si menu, que la veüe et la teste
Tournans s’esblouïssoyent, tant ceste noble beste
Avoit en bien servant un extreme desir,
Te cognoissant son Roy, de te donner plaisir. (Bl., V, 67.)

Claude de Grandval n’était encore que piqueur de la fauconnerie royale en juillet 1541 (Actes de François Ier, tome IV, p. 222). Il est probable, d’après ce qu’on a vu plus haut (p. 78), que Ronsard a abusé ici du mot page, en le prenant dans le sens général d’écuyer occupé aux Ecuries royales, puisque, « sorti de page » en mai 1540, il n’a jamais été, au sens propre du mot, page de Henri dauphin, encore moins de Henri roi. Binet ne paraît pas y avoir songé ; car, utilisant pour C le passage de l’Hymne de Henri II que je viens de citer et y prenant le mot page à la lettre, il crut devoir supprimer du même coup deux assertions de AB qui lui semblèrent en contradiction avec ce texte. Ces deux assertions, qui disparurent de C, sont les suivantes : 1° « il sortit hors de page » (p. 6) ; 2° « or que tous deux fussent sortis de page » (p. 10). La coïncidence de cette double suppression avec l’apparition du document emprunté à l’Hymne de Henry II est tout à fait digne de remarque : elle prouve de la part de Binet, sinon un grand embarras, du moins un scrupule exagéré, car il n’y avait pas là de contradiction réelle.

P. 8, l. 15. — O flos virum et. Cette ode pindarique de Dorat fut publiée d’abord à la fin des Quatre premiers livres des Odes de Ronsard en 1550. Elle fut reproduite dans la 2e et la 3e édition de ce volume (1553, 1555), puis parmi les liminaires de toutes les éditions collectives des Œuvres de Ronsard, y compris la première éd. posthume (1560 à 1587). On la trouve dans l’éd. Blanchemain, en tête du tome I, p. xix. La citation de Binet commence au milieu du 8e vers de l’antistrophe I. L’ode entière semble avoir été écrite en réponse à celle de Ronsard Puissé-je entonner un vers, que Binet a citée plus loin en C. (Cf. ci-dessus, p. 13.)

P. 8, l. 23 — seu quis. Cette leçon de AB est conforme au texte princeps de l’ode (1550) et à celui qu’on lit parmi les liminaires de toutes les éd. collect. des Œuvres de Ronsard. La leçon de C, si quis, reproduite dans les éd. dérivées de C, est plus logique, étant donné que rien dans les vers qui suivent, en 1587 et 1597, ne correspond à seu quis, mais que, au contraire, la strophe II contient un sin alter qui correspond à si quis ; c’est sans doute la raison de la correction de C.

P. 8, l. 32. — Auguste et Martiale. Ces deux adjectifs ont conservé leur initiale majuscule dans toutes les éditions, parce qu’ils dérivent de noms propres. Nous avons cru devoir respecter une intention qui n’est pas douteuse.

Pour tout ce portrait physique de Ronsard, cf. Du Perron : « Car j’ay ouy raconter une infinité de fois à ceux qui l’ont cogneu en sa premiere jeunesse, que jamais la nature n’avoit formé un corps mieux composé ny mieux proportionné que le sien : fust ou pour la beauté du visage, qu’il avoit merveilleusement aggreable, ou pour la taille et la