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COMMENTAIRE HISTORIQUE

Ronsard. Voir par ex. une pièce latine de Dorat en tête du recueil intitulé : Sonnetz de P. de Ronsard mis en musique à IIII parties par Guill. Boni (Cf. Rev. d’Hist. litt., juin 1900. p. 377). Mais pour la rédaction de B Binet a eu recours à ce passage de la Response aux injures et calomnies (Bl., VII, 103) :

Des poëtes premiers, dont la gloire cognue
A desfié les ans, avaient mauvaise veue,
Thamyre, Tiresie, Homere et cestuy-là
Qui au prix de ses yeux contre Helene parla :
Et ceux de nostre temps à qui la Muse insigne
Aspire, vont portant la sourdesse pour signe :
Tesmoin est Du Bellay comme moy demy-sourd,
Dont l’honneur merité par tout le monde court.

P. 7, l. 27. — contentement. Copié littéralement dans l’Epitre au Lecteur qui servait de préf. à l’éd. princeps des Quatre prem. livres des Odes (1550) : « Bien que la jeunesse soit toujours elongnée de toute studieuse occupation pour les plaisirs voluntaires qui la maistrisent, si est ce que des mon enfance j’ai toujours estimé l’estude des bonnes lettres, l’heureuse felicité de la vie, et sans laquelle on doit desesperer de pouvoir jamais attaindre au comble du parfait contentement. » (Bl., II, 9-10 ; texte rectifié par M.-L., II. 474.) On verra plus loin (aux pages 106 et 111) que Binet a consulté pour C non seulement cette préface qu’il aurait pu trouver manuscrite dans les papiers de Ronsard, mais le volume entier où elle fut imprimée en 1550.

P. 8, l. 8. — estudes laissées. Cf. Du Bellay, Hymne de la Surdité, dédié à Ronsard, à la fin des Jeux rustiques en janv. 1558 (la pièce date de 1556) :

La Surdité, Ronsard, seule t’a faict retraire
Des plaisirs de la court, et du bas populaire,
Pour suyvre par un trac encores non battu
Ce penible sentier, qui meine à la vertu.
Elle seule a tissu l’immortelle couronne
Du Myrthe Paphien, qui ton chef environne :
Tu luy dois ton laurier, et la France luy doit
Qu’elle peut desormais se vanter à bon droit
D’un Horace, et Pindare, et d’un Homere encore,
S’elle voit ton Francus, ton Francus qu’elle adore
Pour ton nom seulement, et le bruit qui en court :
Dois-tu donques, Ronsard, te plaindre d’être sourd ?

P. 8, l. 10. — à la Couronne. Tout ce passage témoigne de l’insouciance de Binet à l’égard de la concordance des dates. Quand Ronsard, par suite de sa demi-surdité, « changea de dessein et reprit les estudes laissées », le roi régnant était François Ier, qui mourut seulement le 1er  avril 1547. À l’avènement de Henri II, il y avait déjà quatre ans que Ronsard s’était « remis aux lettres » (en 1543 dit Binet lui-même, p. 10), et au moins deux ans et demi qu’il suivait les leçons de Dorat (depuis la mort de son père, juin 1544, dit Binet lui-même, p. 10.)

La source de l’addition de C est ce passage de l’Hymne de Henri II (publié en 1555) :

J’ay, quand j’estois ton page, autrefois sous Granval
Veu dans ton Escurie un semblable cheval