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ET CRITIQUE

poésies liminaires pour des livres d’amis, tels que les Angevins Le Masle et Le Loyer. On trouve l’énumération de ses œuvres dans Celestin Port (Dictionn. hist. de M. et L., III). La Croix du Maine, qui le connaissait « fort familièrement », lui a consacré en 1584 un article dont nous extrayons ces lignes : « Il a écrit l’Histoire et chronique du pays et Duché d’Anjou, ensemble un Recueil des Genealogies des plus illustres maisons dudit pays, et autres voisines d’Anjou. Ce livre n’est encore imprimé. Il a écrit un petit Discours servant comme d’avant-coureur d’icelle Histoire, dans lequel il traite de l’excellence et antiquité d’Anjou, et des Princes qui y ont commandé, et en sont sortis, imprimé à Paris chez Emman. Richard, l’an 1582. » (Biblioth., II, 218). Le Brief Discours gentil et proufitable sur l’excellence et antiquité du pays d’Anjou (Bibl. Nat., LK², 116), n’a que 18 pages et ne contient pas un mot sur Ronsard. D’ailleurs, comme le dit La Croix du Maine, ce n’est qu’un prologue, qui annonce une histoire complète de l’Anjou et la dédie au sire de Brie, seigneur de Serrant. Il n’y est question que des maisons royales qui tirent leur origine de la maison d’Anjou. Quant à l’Histoire d’Anjou elle-même, que les contemporains ont vantée, elle est restée vraisemblablement inédite, car on lit dans un ms. autographe de Bruneau de Tartifume, historien angevin du xviie siècle : « Paschal Robin, homme savant en toutes sortes de sciences, a voulu entreprendre l’histoire d’Anjou qu’il nommoit déjà son Angiade... La mort en le prévenant a privé l’Anjou de ce bonheur. Il y en a qui ont mis les mains sur ses mémoires qu’ils retiennent comme ensepvelis, semblables à l’avaricieux qui ayme mieux mourir sur son tresor que de le communiquer à ceux qui l’employroient mieux que luy... » (Bibl. d’Angers. Ms. 870, pp. 449-50). D’autre part G. Colletet, qui était un collectionneur passionné de livres rares, se contente de dire dans sa Vie de R. : « Mais je laisse à Claude Binet, à Paschal du Faux, Angevin, et à tous nos généalogistes à justifier, par les temps et par les diverses alliances, la splendeur de la maison de nostre Ronsard. » Il est visible qu’il n’a pas pu consulter les Généalogies auxquelles Binet fait allusion.

Le témoignage de Binet repose donc sur la lecture d’un ms. de Robin du Faux, peut-être même sur un simple ouï-dire, et c’est ce témoignage que certains biographes ont pris au sérieux (Rochambeau, op. cit., p. 14) ; l’un d’eux, Blanchemain, mettant sur le compte du poète l’affirmation de Binet, a osé écrire que « Ronsard se prétendait allié au 16e ou 17e degré d’Elisabeth, reine d’Angleterre » (éd. de Ronsard, VIII, 4, note), et un troisième, renchérissant, que « Ronsard aimait à soutenir avec une naïveté orgueilleuse, dont on s’est moqué, qu’il était au 16e ou 17e degré le parent de la reine Elisabeth » (Bizos, Ronsard, p. 8). Les œuvres du poète, tout orgueilleux qu’il fût, ne contiennent pas la moindre trace de cette prétention. Il me semble que, si elle avait pu se justifier, il n’aurait pas manqué de l’indiquer dans son autobiographie, ou dans les pages en prose et en vers qu’il adressa en 1565 à la reine Elisabeth, à son favori Dudley et à son secrétaire Cecille (Voir ma thèse sur Ronsard p. lyr., pp. 214 et 215).

P. 3, l. 34. — fut choisi. Cette leçon, reproduite dans les éd. suiv.,