Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
62
COMMENTAIRE HISTORIQUE

histor. (1889, p. 213), il était inscrit en 1535 comme 4e maître d’hôtel dans « l’Etat de la maison des princes » pour une somme de 800 livres. Or, comme l’aîné de ces princes est mort en 1536 et que le cadet n’est arrivé au trône qu’en 1547. trois ans après la mort de L. de Ronsart, celui-ci en réalité n’a jamais été « maistre d’hostel » d’aucun roi. Enfin, si L. de Ronsart avait eu cette qualité, on peut être certain que Bouchet la lui aurait donnée au moins une fois, surtout en tête de l’Epitaphe qu’il lui consacra en 1544. Or, en toutes circonstances il l’a simplement qualifié de « maistre d’hostel de Monsieur le Dauphin », même en tête de l’Epitaphe.

Binet, cela est visible, a mal interprété le texte de Ronsard dès 1586. Il a aggravé son contresens en 1597 par son addition, du Roy François premier, addition d’autant moins excusable que le texte de l’éd. posthume devait alors, et dès 1587, lui ouvrir les yeux. Par malheur, tous les biographes de Ronsard, jusqu’à Marty-Lav. inclusivement, ont ajouté foi au témoignage de Binet. L’un d’eux, Colletet, reproduit sans contrôle à la fois le témoignage de Du Perron et celui de Binet, et il ajoute une troisième erreur, qu’ils n’ont pas commise, en disant que « les enfans de France » accompagnés par L. de Ronsart en Espagne furent François et Charles duc d’Orléans (op. cit., p. 22). L’abbé Simon a également suivi à la fois Binet et Du Perron (Hist. de Vendôme, III, p. 500). — Blanchemain (VIII, pp. 2 et 13) et Rochambeau (op. cit., 31) se sont appuyés pour donner raison à Binet sur cette autre affirmation de lui : L. de R. « mourut en 1544 servant son quartier chez le Roy » (V. ci-dessus, p. 10). Mais si L. de R. mourut « en servant son quartier chez le Roy », ce n’est pas en qualité de « maistre d’hostel de François Ier » : c’est qu’il faisait partie des « cent mansionnaires », ou gardes du corps royaux, ainsi que nous l’apprend encore Bouchet dans l’Epître limin. des Triumphes et l’Epitaphe déjà citées.

P. 3, l. 10. — de la France. D’après Bouchet (Epître limin. des Triumphes, et Epitaphe de L. de R.), le séjour de Loys de Ronsart en Espagne a duré 4 ans et demi « environ ». Il a duré exactement 4 ans, 3 mois et quelques jours, les deux princes otages ayant franchi la Bidassoa le 17 mars 1526. et l’ayant repassée le 1er  juillet 1530. (Champollion-Figeac, Captivité de Franç. Ier, Introd., lxiii ; Mignet, Rival. de Fr. Ier et de Charles Quint, II, pp. 188 et 461 de l’éd. de 1886.)

On pourrait croire d’après Binet que Loys de Ronsart eut seul, et par une confiance toute spéciale, la mission de veiller aux deux princes otages. En réalité, dix gentilhommes composant leur « maison » étaient chargés de cette mission, entre autres René de Cossé-Brissac, gouverneur du Dauphin. Loys de Ronsart était du nombre, en qualité de maistre d’hôtel des princes. — Ce n’est pas François Ier qui les choisit, mais la reine-mère, Louise de Savoie, qui, pendant l’absence de François Ier, était Régente du royaume.

On possède deux lettres écrites par Loys de Ronsart pendant son séjour en Espagne. La première est datée de Villepende (Villalpando) le 27 octobre [1529], et adressée au gouverneur du Dauphin, René de Cossé-Brissac, qui à cette date était déjà de retour en France (relâché après la paix de Cambrai, août 1529). Elle a été publiée pour la