Page:Binet - La Vie de P. de Ronsard, éd. Laumonier, 1910.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


COMMENTAIRE HISTORIQUE ET CRITIQUE

Page 1, ligne 1. — est issu. Binet a emprunté les vingt premières lignes à l’Elégie autobiographique de Ronsard, Je veux, mon cher Belleau, adressée primitivement (dans le Bocage de 1554) à Pierre Paschal, lequel avait demandé au poète des documents pour étoffer et orner l’éloge qu’il avait promis de lui consacrer. (Voir Marty-Laveaux, Notice sur Ronsard, pp. ii à v, et ma thèse sur Ronsard poète lyrique, pp. 125 à 127). Voici le passage de R. qui a passé dans la prose de Binet :

Or quant à mon ancestre il a tiré sa race
D’où le glacé Danube est voisin de la Thrace.
Plus bas que la Hongrie, en une froide part,
Est un Seigneur nommé le Marquis de Ronsart,
Riche d’or et de gens, de villes et de terre.
Un de ses fils puisnez ardant de voir la guerre,
Un camp d’autres puisnez assembla hazardeux,
Et quittant son pays, faict Capitaine d’eux
Traversa la Hongrie et la basse Allemaigne,
Traversa la Bourgogne et la grasse Champaigne,
Et hardy vint servir Philippes de Valois,
Qui pour lors avoit guerre encontre les Anglois.
Il s’employa si bien au service de France,
Que le Roy lui donna des biens à suffisance
Sur les rives du Loir : puis du tout oubliant
Freres, pere et pays, François se mariant
Engendra les ayeux dont est sorti le pere
Par qui premier je vy ceste belle lumiere.
(Texte de 1584, consulté par Binet, cf. ci-après, p. 60.)

On remarquera que Ronsard ne donne aucun nom à ce cadet de fortune qui émigra de Hongrie en France ; il ne nomme pas non plus Orphée, laissant ce soin à ses panégyristes. — Même silence sur ces deux points dans Du Perron, qui, du reste, tout en délayant les vers de Ronsard, fait sortir ses ancêtres paternels « de la Moravie, province située entre la Pologne et la Hongrie » (Oraison fun., 1586 et éd. suiv.). — J. Velliard ne parle pas des origines étrangères de Ronsard ; il se contente de dire qu’il est issu de très nobles ancêtres paternels établis depuis longtemps dans la région fertile et illustre du Vendômois. — En revanche G. Critton paraphrase d’un bout à l’autre les vers de Ronsard, avec cette variante que le capitaine venu au service de Philippe VI était le fils aîné d’un Comte de Ronsard, qui habitait la Thrace, et il ajoute : « Ab hoc genus traxit is quo rectè gloriari potest Thracia se nostris