Page:Binet - L’étude expérimentale de l’intelligence.djvu/305

Cette page a été validée par deux contributeurs.


CHAPITRE XV

Conclusions


La meilleure conclusion qu’on puisse tirer de ce livre, qui m’a coûté trois ans d’études, c’est une leçon de patience. Je voudrais qu’on fût persuadé que les expériences de psychologie, surtout celles qui portent sur les fonctions complexes, ne s’improvisent pas ; la méthode de la statistique ne donne rien que de médiocre ; des exemples récents nous l’ont montré.

Les auteurs américains, qui aiment faire grand, publient souvent des expériences qui ont été faites sur des centaines et des milliers de personnes ; ils obéissent instinctivement à ce préjugé d’après lequel la valeur probante d’un travail est proportionnelle au nombre des observations. Ce n’est qu’une illusion ; quand un certain nombre d’observations concordantes a été recueilli, celles qu’on peut encore y ajouter n’augmentent pas grand’chose à la valeur démonstrative des premières ; et, d’autre part, il y a quelque danger à multiplier le nombre des sujets, car on risque de perdre en qualité ce qu’on gagne en quantité. Je veux dire que si on prend des tests mentaux sur mille sujets, on est obligé d’aller très vite, d’examiner chacun d’une façon très sommaire, de se faire aider par des collaborateurs en sous-ordre qui travailleront avec plus d’automatisme que de réflexion ; c’est ce que j’appelle la méthode statistique. Un mental test appliqué à la hâte sur des anonymes n’a qu’une valeur proportionnée au