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plusieurs exemples, de ce que j’appelle des casse-tête chinois. La plupart de nos expériences de laboratoire sont de cet ordre, d’ailleurs. On ne pourrait donc rien conclure de ce qui précède, sinon que Marguerite a une plus grande puissance d’adaptation mentale.

Le second point à relever est que Marguerite se sert d’autres procédés qu’Armande pour apprécier la longueur d’un mouvement de sa main ; Armande s’attache à des états purement subjectifs ; Marguerite se sert surtout de faits objectifs, fournis par des sensations musculaires, et relatifs à la position de sa main.

Voyons maintenant ce qui se passe pour la perception du temps.

Perception du temps. ― Ce genre de perception pourrait être examiné à bien des points de vue divers. J’ai fait seulement quelques observations et un seul genre d’expériences.

1o L’heure qu’il est. Plusieurs fois, j’ai interrogé brusquement les deux sœurs sur l’heure qu’il était. Chaque cas doit être débrouillé séparément, et il serait compliqué d’en donner le détail ; je me contenterai de constater qu’Armande se trompe moins que Marguerite ; cette dernière se plaint souvent qu’elle se rend mal compte de l’heure.

2o Mesure d’intervalles de temps très courts. C’est une expérience qui a été faite fréquemment dans les laboratoires, avec les appareils de précision, chronomètres et cylindres enregistreurs, qu’exige l’étude minutieuse du temps ; étant à la campagne, loin de mon laboratoire, au moment où j’ai étudié cette question, j’ai dû me contenter d’une montre à secondes et de signaux donnés au jugé.

Je donnais un signal sur la table en frappant une première fois, pour indiquer le commencement de l’intervalle, puis une seconde fois pour en indiquer la fin ; mon sujet frappait un troisième coup, formant un second intervalle qu’il essayait de rendre égal au premier. J’appréciais le