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indice qu’elle perçoit moins exactement. Les variations moyennes sont aussi à noter quoique la différence ne soit pas très grande ; la variation moyenne est plus faible chez Marguerite.

VARIATION MOYENNE
MODÈLE DE LONGUEUR
à reproduire Armande Marguerite
5 0,17 0,284
10 0,648 0,698
15 0,608 0,47
20 0,94 0,50
Totaux 2,366 1,922

Les procédés mentaux qu’emploient les deux sœurs sont assez différents.

Marguerite dit : « Le plus souvent, j’apprécie mentalement ce qu’il faut que mon bras s’écarte ; j’apprécie le mouvement du bras. » Son attention est donc surtout fixée sur les sensations qui accompagnent ce mouvement, sensations pouvant être tactiles on musculaires, ou articulaires, ou autres. Armande dit: « Je m’imagine que je vais sentir le petit arrêt (le petit curseur), je me dis qu’il doit être là. » Elle fixe donc son attention sur la sensation de l’arrêt du mouvement ; mais elle n’explique pas comment elle prévoit l’arrêt, si elle le situe dans l’espace, au bout d’une série de sensations musculaires, ou si elle en prévoit l’apparition dans le temps, c’est un point qui mérite d’être éclairci. Les expériences précédentes ont été faites en septembre 1901 ; je les reprends en mai 1902 ; je prie les deux fillettes de reproduire la longueur de 10cm sur laquelle je mets un arrêt : et après 2 ou 3 reproductions qui sont faites plus exactement par Marguerite que par Armande, je les interroge sur les procédés employés. Je donne textuellement le dialogue.