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psychologique des mots écrits ; c’est, en d’autres termes, la classification des idées au point de vue du mode de connaissance.

Pour connaître le sens véritable dans lequel ont été pris les mots écrits, il est tout à fait nécessaire d’interroger les sujets sur l’idée qu’ils avaient dans l’esprit quand ils ont écrit ces mots ; car le mot par lui-même n’indique pas toujours cette idée. Il arrive souvent qu’une personne prend dans un sens abstrait un terme concret, et qu’à l’inverse elle écrit un nom abstrait en ayant une idée concrète. Ainsi, Armande écrit petitesse, et elle pense à une personne de ses connaissances qui est petite. Par conséquent, tout en attachant l’importance qu’il mérite au fait même d’avoir écrit un mot abstrait, il faut rechercher si ce mot était accompagné d’une pensée abstraite ou d’une pensée concrète.

Cette analyse, qui demande beaucoup de temps et de patience, n’a pas toujours été faite par les auteurs qui ont publié des expériences sur les associations d’idées ; ils se contentaient trop souvent de noter simplement les mots qui avaient été dits en association, sans demander l’explication de ces mots. Ainsi comprise, l’expérience sur l’association des idées reste bien superficielle ; comme Sanford l’a remarqué un des premiers, elle ne peut donner que des résultats douteux. Je possède des documents nombreux provenant d’expériences anciennes sur les associations d’idées faites à mon laboratoire, avec des adultes, et je ne cherche pas à les utiliser, parce que les personnes ont simplement donné des mots, sans expliquer le sens qu’elles y attachaient.

La classification que je vais proposer est, comme toutes celles qu’on a proposées jusqu’ici, arbitraire ; et il se passera peut-être bien du temps avant qu’on en trouve une qui satisfasse tout le monde ; la mienne me semble avoir deux avantages : d’abord elle n’est nullement construite a