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n’y suis pas toujours parvenu ; parfois la boule du marteau roulait un peu sur la main. Le signal était précédé d’un avertissement verbal, le mot attention ! que je disais 2 à 3 secondes avant le contact. Après chaque réaction j’en inscrivais de suite le chiffre sans rien dire, je ramenais l’aiguille du chronomètre au zéro, et je provoquais une nouvelle réaction. Ces divers soins prennent environ 20 secondes ; je prenais 6 réactions par minute, environ. Après 20 réactions, il y avait un petit intervalle de repos de 2 à 3 minutes, pendant lesquelles le sujet ouvrait les yeux et je lui adressais quelques questions. À la première séance (1er  décembre vers 5 heures), je pris sur chaque sujet 100 réactions, coupées par 4 repos de 5 minutes ; à la seconde séance qui eut lieu le surlendemain 3 décembre (le matin) je pris seulement 40 réactions, séparées par un intervalle de repos ; à la troisième séance, le 5 décembre au matin, seulement 40 réactions, et cette fois-ci sans aucun repos ; le 5 décembre au soir, je pris une série de 40, puis après repos, une série de 30. Cette séparation en séries avait pour but d’éviter la fatigue. Le nombre total des réactions a été de 260 pour Armande et de 300 pour Marguerite ; elles ont été prises du vendredi au mardi suivant. Une semaine après j’ai encore pris 40 réactions sur ces sujets. Il y avait silence complet de ma part pendant les séances, je n’ai cherché ni à critiquer, ni à encourager le sujet ; celui-ci avait une attitude recueillie ; jamais de fou-rire. Il n’a eu connaissance d’aucun des chiffres, d’aucun graphique, et aucune des deux sœurs ne m’a rien demandé.

Ma préoccupation, en recueillant les réactions, était de ne pas me contenter de chiffres ; je voulais essayer de me rendre compte de ce qui se passait dans l’esprit de mes sujets, et de la manière dont ils concentraient leur atten-

    tième de seconde. Maintenant, je répète qu’après la 200e réaction, le mode de réaction est resté constamment uniforme.