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I

correction d’épreuves

L’épreuve consiste à rayer certaines lettres, toujours les mêmes, dans un texte imprimé ; il faut aller le plus vite possible, commettre le moins d’erreurs possible et ne jamais revenir en arrière. C’est un travail intellectuel qui, à plusieurs points de vue, est mesurable, et c’est là ce qui fait son intérêt pour la psychologie individuelle ; on peut mesurer la vitesse moyenne du travail, son exactitude, ses progrès, la durée et les caractères de la période d’adaptation. Dans une étude que j’ai publiée précédemment[1], j’ai montré que cette expérience est un des meilleurs tests pour l’étude de l’aptitude à l’adaptation ; si on prend dans une classe suffisamment nombreuse les 5 élèves les plus intelligents d’après leurs succès scolaires, et les 5 élèves les moins intelligents, et qu’on leur donne à faire cette expérience, on trouvera qu’en moyenne le groupe intelligent est bien supérieur au second groupe pour la vitesse du travail et son exactitude. C’est que ce travail, s’il finit par devenir automatique et facile, présente au début une certaine difficulté intellectuelle ; il ne s’agit pas, sans doute, d’une difficulté de compréhension, mais d’exécution, il faut avoir présente à l’esprit une certaine direction, il faut reconnaître les lettres à barrer, aller vite et sans se tromper ; il n’est pas étonnant que les enfants les plus intelligents montrent plus d’habileté à s’adapter.

Voici exactement comment j’ai fait les expériences avec les deux fillettes : quoique l’épreuve soit de celles qu’on peut à la rigueur faire collectivement, j’ai pris chaque

  1. Attention et Adaptation. Année psychologique, VI, p. 248.