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remarques que chacun peut faire tous les jours, mais qui, en général, restent peu précises, et qu’on ne songe pas à coordonner. Le but que nous nous sommes proposé a été de mettre différentes personnes en présence d’un même objet, pour chercher à saisir quels sont les processus psychiques différents que cet objet fera naître suivant les personnes.

Déjà, en 1893, en collaboration avec M. V. Henri, j’avais fait une expérience de ce genre dans une école primaire ; la photographie d’un tableau assez compliqué (c’était un tableau de Neuville, les Dernières Cartouches) était présentée pendant 2 minutes aux élèves d’une classe et ils devaient ensuite la décrire de mémoire. Cette épreuve surprit et intéressa vivement les élèves, qui, dans notre système actuel d’instruction, sont si rarement appelés à se rendre compte de ce qu’ils voient. Les copies furent réunies et conservées ; mais engagé dans d’autres recherches, je n’eus pas le temps de les étudier.

Plus tard, j’appris que Miss Bryant, pédagogue anglaise, avait employé sur ses élèves un test analogue et en avait tiré un parti avantageux. Miss Bryant faisait décrire la salle d’études familière aux élèves. L’objet qu’elle a choisi pour la description est un peu complexe ; de plus, comme il n’est pas transportable, il ne pourrait être employé pour des recherches comparatives de psychologie individuelle. Miss Bryant insiste beaucoup sur l’intérêt pédagogique de cette épreuve, et elle a bien raison. Les professeurs d’école primaire devant lesquels j’ai répété l’expérience ont été souvent frappés des renseignements qu’elle fournit sur le caractère et sur la forme d’intelligence des enfants ; et quelques-uns ont regretté que cette épreuve ne figurât pas sur les programmes. On la trouve dans quelques cours de littérature, sous le nom d’exercice de rédaction d’après des images.

Les premières expériences de description d’objet que