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1o Phrases à écrire.

Je dis à chacun de mes sujets, après l’avoir fait asseoir : « Veux-tu écrire une phrase quelconque, n’importe laquelle ? » Je suis assis à quelque distance, trop loin pour voir ce qu’on écrit. La fillette est parfois un peu étonnée, elle me regarde, voudrait me poser une question, mais elle sait que je ne réponds jamais à ses demandes, elle réfléchit, hésite et finalement commence à écrire. Je note discrètement la durée de l’hésitation, c’est-à-dire le temps qui s’écoule entre le moment où on reçoit l’invitation à écrire et le moment où on commence à écrire ; je note également la durée de rédaction. Quand la phrase est complètement terminée, je m’abstiens de la lire, pour ne pas effaroucher la pudeur littéraire des fillettes et je demande une seconde phrase n’ayant pas de rapport avec la première ; je note encore, comme ci-dessus, la durée de l’hésitation et la durée de l’écriture. Après la 2e  phrase écrite, j’en demande une 3e  et ainsi de suite. Cette épreuve est répétée 10 fois dans les mêmes conditions ; elle n’a provoqué aucun agacement, mais seulement un peu d’impatience de la part de Marguerite, qui avait hâte de sortir pour faire une course à bicyclette. L’épreuve a eu lieu le jeudi 8 octobre, entre 9 heures et 10 heures 1/2 du matin, sur chacun de mes sujets pris isolément. C’est la première fois que je les soumets à cette épreuve.

Marguerite et Armande ont donné des résultats très différents. D’abord, Marguerite hésite toujours un peu avant d’écrire ; voici ses temps d’hésitation comparés à ceux de sa sœur, qui est beaucoup plus rapide.

Temps d’hésitation

Marguerite : 30″ — 0 — 20″ — 45″ — 0 — 30″ — 10″ — 50″ — 30″ — 20″.