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CHAPITRE X

Des phrases


Au lieu de faire écrire des mots sans suite, faisons écrire des phrases. Ce n’est plus du tout la même expérience. Lorsqu’on écrit des mots sans suite, on n’est pas obligé de lier ses idées, on se contente d’idées plus ou moins incohérentes ; tandis que lorsqu’on compose une phrase qui a un sens, on est obligé de faire un peu de logique, à moins, bien entendu, qu’on se contente de reproduire une phrase apprise par cœur, ou de paraphraser un lieu commun. Il était intéressant de savoir ce que cette expérience nouvelle donnerait avec nos deux sujets habituels. L’une des fillettes est toute observation et mémoire précise ; l’autre a plus d’idées vagues et de fantaisie ; c’est ainsi qu’elles se sont montrées à nous, quand nous avons analysé les mots qu’elles écrivaient. Retrouverons-nous le même type mental dans des phrases complètes ?

Le travail intellectuel qu’on peut susciter avec des phrases est très divers ; on peut soit faire écrire des phrases entières, soit faire terminer des commencements de phrase, soit faire mettre une fin à des commencements de phrases, soit faire remplir des lacunes, soit faire composer des phrases avec quelques mots donnés. Je n’ai tenté que deux de ces expériences ; j’ai fait écrire des phrases entières, et j’ai fait terminer des phrases commencées.