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coordonnée que celle d’Armande ; la volonté joue chez elle un rôle plus grand.

J’ai essayé de faire des observations analogues sur d’autres personnes, mais je n’ai point obtenu des résultats aussi précis ; ces personnes n’arrivaient pas à se rendre compte si le développement de leurs images se faisait volontairement ou non ; et, de plus, le développement était toujours médiocre, insignifiant. Ainsi Cam…, jeune fille sans culture, cuisinière de son état, arrive à se représenter très nettement une route connue ; je lui demande de continuer à regarder mentalement la route pour voir ce qui s’y passera ; il ne s’y passe rien de bien remarquable ; elle voit un omnibus, des voitures, des gens qui cueillent des fleurs sur le bord de la route. Cela ne ressemble en rien au développement des images d’Armande ; et Cam… me répond tour à tour qu’elle produit volontairement les images, ou que les images se produisent toutes seules. Même incertitude en interrogeant Mlle C…, artiste peintre, de 40 ans, femme intelligente et cultivée qui, malgré son choix d’expressions artistiques, ne dit rien de plus clair que C…, la cuisinière. Je cite ces faits pour prévenir ceux qui penseraient que l’étude de l’imagerie involontaire chez les gens éveillés est chose facile ; c’est une dissection mentale qui demande des sujets de choix.