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J’exposerai successivement

1o  Des expériences sur l’idéation, faites avec des mots ;

2o  Des expériences faites avec des phrases ;

3o  Des descriptions d’objets ;

4o  Des renseignements sur l’esprit d’observation ;

5o  Des expériences de mesure sur l’attention ;

6o  Des expériences de mesure sur la mémoire ;

7o  Des recherches diverses montrant l’opposition entre la vie extérieure et la vie intérieure ;

8o  Des recherches sur le rôle de l’image dans la pensée, sur la pensée sans image, sur la pensée abstraite et ses images.

Les personnes qui se sont prêtées à mes recherches sont au nombre de 20 ; il y a des adultes et des enfants, des gens des deux sexes et de toutes conditions. Je n’en ferai pas ici l’énumération : je les présenterai chaque fois que j’aurai à parler d’eux. Je ferai une exception pour deux sujets que j’ai étudiés bien plus longuement que tous les autres : ce sont deux fillettes, appartenant à ma famille, deux sœurs, dont l’une, Marguerite, avait 14 ans et demi, et la cadette, Armande, 13 ans, vers l’époque où j’ai terminé les principales expériences.

Les recherches que j’ai pu faire sur ces deux enfants sont extrêmement nombreuses, et se sont espacées sur trois ans. Elles s’y sont prêtées avec beaucoup de bonne grâce, sans timidité, ni fou rire ; elles ont toujours compris qu’il s’agissait d’une chose sérieuse, et elles étaient persuadées que la moindre erreur pouvait me causer un préjudice des plus graves.

Plût au ciel que les adultes qui servent de sujets aux psychologues eussent toujours une attitude aussi bonne ! Il s’en faut de beaucoup. Quelques-uns n’ont aucunement le respect de l’expérience, ils la dédaignent ou la critiquent ; d’autres croient spirituel de faire des plaisanteries, ou de tourner légèrement à la blague les épreuves ;