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formaient une série de 14, dont je cite les suivants : chien, animal, couleur, forme, justice, bonté, cause, force, infini ; etc.

Les représentations conscientes que l’audition de termes abstraits, jointe au désir de répondre quelque chose, a suscitées dans l’esprit de ces 103 personnes, ont été réparties en trois catégories ; et révèlent trois types mentaux différents, qui sont 1o le type auditif ; 2o le type visuel typographique ; 3o le type concret.

Le type auditif est celui des personnes qui, après l’audition du mot répondent, qu’elles ne se représentent rien ; elles comprennent du moins le sens du mot, elles ont aussi très probablement des pensées en mots, des discours intérieurs ; mais elles n’ont aucune image sensible, et c’est pour cette absence d’image qu’elles donnent leur réponse. Le type visuel typographique est celui qui se représente le mot écrit, comme s’il le lisait. Le type concret est double, général ou individuel ; cela ressort des exemples que Ribot cite ; il existe des personnes qui se représentent une image générale, indéterminée, ou quelque chose d’analogue ; par exemple pour forme, un peintre se représente un bloc rond, une épaule élégante de femme, tandis qu’une autre personne nomme une personne belle[1] ; dans ce dernier cas, c’est bien une image individuelle.

Après ce court rappel de l’étude de Ribot, je vais exposer les réponses que j’ai obtenues de mes fillettes. D’ordinaire, les termes abstraits et généraux les embarrassent beaucoup ; elles se plaignent de ne pas savoir qu’en faire, elles ont incontestablement plus de peine et mettent plus de temps à convertir ces mots en images. Les réponses qui nous sont données peuvent être groupées de la manière suivante :

1o Aucune image ;

  1. Op. cit., p.129.