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ne se produisent généralement pas tous au même degré, chez un seul individu ; il y a de très grandes variations individuelles. Telle personne est remarquable par ses vasoconstrictions ; telle autre, par les modifications de son rythme respiratoire.

1° Le premier effet est une élévation du tracé capillaire ; cette élévation, signalée par Lehmann, est de nature inconnue ; elle manque chez beaucoup de sujets ; elle est, au contraire, très accentuée chez d’autres. Nous donnons un exemple pris chez Mme Bil…, à qui on a fait répéter des séries de 8 chiffres prononcés devant elle (fig. 27) ; l’audition des chiffres à retenir exige un vigoureux effort intellectuel. Cette expérience a été faite vingt fois de suite, en laissant écouler entre chaque répétition un petit intervalle de repos. Nous constatons que l’élévation du tracé n’a manqué que trois fois sur les vingt expériences. Dans la figure, on voit que, pendant l’audition des chiffres, il y a eu une élévation du tracé ; puis un commencement de vasoconstriction se dessine.

2° Le second effet de la concentration de l’attention est une vaso-constriction réflexe (fig. 28) ; elle manque, et même totalement, chez certains sujets, mais elle existe chez la plupart, elle apparaît quelques secondes après la concentration d’esprit et dure un temps variable ; elle peut persister pendant toute la durée du travail intellectuel, ou cesser quelques secondes après le début du travail intellectuel.

Nous avons dit plus haut ce que c’est qu’une vaso-constriction réflexe : c’est un état de contraction des fibres musculaires qui existent dans les parois des artérioles ; sous l’influence d’une excitation provenant des centres nerveux, ces fibres musculaires se contractent, et leur contraction a pour effet de diminuer l’ouverture, la lumière des artérioles dans lesquelles le sang circule. Il en résulte que le sang contenu dans les artérioles en est chassé vers les capillaires et les veines, et que le sang nouveau apporté