Page:Binet - Henri - La fatigue intellectuelle.djvu/64

Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’amplitude sous l’influence de la respiration, chez un même individu et dans un même tracé ; ainsi le pouls est moins ample pendant l’inspiration que pendant l’expiration ; les différences d’amplitude du pouls artériel sont aussi très grandes d’un individu à l’autre, alors même qu’on les inscrit avec le même sphygmographe. Quelle importance faut-il donc attacher à ces différences d’amplitude ?

Tout d’abord, il est très important de faire remarquer que certains appareils graphiques ne permettent pas des applications comparables. Quelque soin qu’on y mette, on n’est jamais sûr d’avoir appliqué le sphygmographe deux fois de la même façon sur l’artère, et à plus forte raison sur les artères de deux individus différents. Le sphygmographe est, comme le cardiographe, dont nous parlerons dans un instant, un appareil compliqué et très difficile à bien appliquer ; de plus, les artères radiales ne sont pas disposées chez tous les individus de la même façon ; il en est de profondes et d’autres sont plus superficielles ; elles n’ont pas le même calibre et leurs parois n’ont pas la même résistance. De tout ceci, il faut conclure qu’on ne peut pas comparer un tracé sphygmographique à un autre tracé sphygmographique, surtout si les deux tracés proviennent d’individus différents. On doit seulement comparer, dans un même tracé, telle portion à telle autre.

Ajoutons que l’amplitude du pouls radial n’est nullement un indice de la force de contraction du cœur. Il est possible qu’un graphique très petit, de quelques millimètres de hauteur, soit produit par des contractions très fortes, et qu’au contraire un graphique très ample corresponde à des contractions très faibles. Cela tient à ce que la force propulsive du cœur n’est pas seule à agir sur l’amplitude du graphique du pouls ; il faut aussi tenir compte de la pression du sang, de la quantité de sang, de l’état des artères, etc. Ainsi, lorsqu’on tient pendant quelque temps la main élevée, ce qui produit une déplétion sanguine de