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de « simplification des programmes » ou « diminution du temps des classes ». Ces mesures ne sont pas plus justifiées que précisées ; et nous pensons que si la discussion était née au sujet de la faiblesse des études au lieu d’être provoquée par le surmenage, l’Académie aurait pu voter, avec aussi peu de motifs, des conclusions pour « le relèvement des programmes » et « l’augmentation des heures de classe ».

Ce que l’Académie de médecine n’a pas pu faire, la science impersonnelle est en train de le faire en ce moment. Pendant ces dix dernières années, des hommes de science ont étudié dans le laboratoire et aussi dans les écoles les effets du travail intellectuel sur l’esprit et sur le corps. Ces recherches ont eu lieu et se poursuivent encore dans tous les pays, et surtout en Allemagne. On est dans la bonne voie, car ce sont des études rigoureusement expérimentales. On ne discute pas des théories, on observe, on mesure, on pèse. On choisit comme objet d’expérimentation un travail intellectuel quelconque, par exemple le calcul mental ou des additions, et on recherche quelle est l’influence que cette contention d’esprit a produite dans les fonctions organiques de l’individu ou dans ses fonctions intellectuelles ; ou bien on expérimente dans les écoles, ce qui est une nouveauté pour la psychologie ; on recherche sur des écoliers quels sont les effets produits par la classe du matin ou par la classe du soir, ou par une leçon de gymnastique. Nous possédons aujourd’hui de précieuses monographies ; elles ne nous donnent pas encore une connaissance complète du sujet, car toute recherche expérimentale est lente et longtemps partielle ; mais on sait déjà qu’il existe des méthodes capables de constater la fatigue intellectuelle et dans des cas où l’observation directe n’apprend rien. Nous allons exposer ces différents travaux, en insistant particulièrement sur les méthodes.