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le tracé précédent) et des dimensions du tambour inscripteur ; ensuite de la profondeur des respirations et de la pression exercée par le lien autour de la poitrine. Par suite de cette complexité de conditions, dont beaucoup restent indéterminées, on renonce le plus souvent à traduire en mesures les lignes d’un tracé ; nous ne pouvons dire par exemple que sur notre graphique une ligne d’inspiration de 3 centimètres correspond à une augmentation du diamètre transversal de la poitrine égale à tant de centimètres. Par conséquent, un tracé respiratoire ne peut même pas nous apprendre si la respiration d’un sujet a été superficielle ou profonde ; cette incertitude est très fâcheuse. Tout ce que le tracé nous apprend, ce sont les changements de profondeur qui se produisent au cours d’une expérience, les appareils restant en place. Si par exemple les inspirations ont été au début de 3 centimètres, et qu’à un certain moment elles n’aient plus été que de 2 centimètres, si d’autre part il ne s’est produit aucune fuite dans le tambour et le tube, si le sujet n’a pas changé de position du corps ou des bras, on pourra conclure du tracé que la respiration est devenue à un certain moment plus superficielle.

Le pneumogramme 1 de la figure 62 présente un caractère frappant, la régularité ; bien que la succession d’actes respiratoires qui le composent ne soit pas rigoureusement identique et n’ait pas des graphiques superposables, néanmoins il y a de grandes analogies de forme et d’amplitude. On ne peut inscrire une respiration aussi régulière que chez un sujet bien dressé, habitué à se surveiller. Chez le premier venu, l’application du pneumographe produit un état d’émotivité qui rend la respiration rapide et surtout irrégulière ; même quand cette première émotion s’est dissipée, la respiration ne retrouve pas nécessairement son rythme normal ; il suffit à un novice de fixer son attention sur la respiration pour respirer irrégulièrement ; il ne sait plus respirer s’il se regarde respirer (fig. 61).