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corde-t-il avec une augmentation de la température du cerveau ? Les précédents auteurs l’ont admis sans grande difficulté ; et cette concordance a paru si bien prouvée à l’un d’eux, Amidon, que cet auteur s’est fait fort de délimiter les centres moteurs corticaux en explorant la surface de la peau du crâne avec un thermomètre. Voici quelle était sa méthode : il maintenait pendant longtemps en contraction volontaire un membre, par exemple le bras gauche, et il trouvait que pendant cet effort la tête s’échauffait et que le maximum d’échauffement se produisait dans la moitié droite de la tête, en un point correspondant au centre moteur du bras gauche. Il a publié dans son travail une figure dans laquelle la topographie des centres moteurs corticaux est établie par cette méthode.

Bien que les résultats d’Amidon soient présentés avec l’appui d’un nombre très considérable d’expériences, leur exagération même a mis en garde les plus sceptiques, et on a senti le besoin de soumettre toute la question à un examen critique sérieux ; François-Franck[1], et ensuite Istamonoff[2], ont recherché expérimentalement dans quelle mesure une augmentation de chaleur du cerveau peut se transmettre à la surface extérieure de la tête ; et ils ont trouvé qu’il faut une augmentation de 3° de la température du cerveau pour élever d’un dixième de degré seulement la température de la tête. Or, comme une augmentation de 3° dans la température du cerveau est infiniment improbable, il en résulte que le thermomètre appliqué sur la tête ne peut rien nous apprendre sur les variations thermiques du cerveau.

Il paraît avéré que les vaisseaux sanguins du cuir chevelu se comportent d’une manière indépendante des vaisseaux sanguins du cerveau.

L’influence du travail intellectuel sur les autres températures périphériques et notamment sur celle de la main est une question qui a été un peu négligée, parce que les

  1. Art. Encéphale du Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales.
  2. Pflüger’s Arch., Bd. 38, 1886, p. 113.