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Il est assez difficile d’apprécier l’influence de ce travail intellectuel sur la circulation capillaire, parce que la circulation capillaire varie d’une heure à l’autre. Il faut donc commencer par étudier ces variations sur un sujet, et chercher si elles sont régulières ; puis on étudie chez ce même sujet si le travail intellectuel apporte quelques modifications dans la série.

Les effets du travail intense et prolongé ont été étudiés sur deux personnes, MM. C… et H… Chacun deux a passé une après-midi au laboratoire, depuis une heure de l’après-midi jusqu’à 8 heures, en consacrant tout son temps soit à une lecture très difficile, soit à la rédaction d’un travail original. Leur seul repos consistait à venir, d’heure en heure, aux appareils graphiques, où ils prenaient rapidement leur pouls capillaire. M. C. a répété deux fois cette épreuve. Pendant les jours précédents et les jours suivants, MM. C… et H… ont passé l’après-midi au laboratoire dans un désœuvrement complet, et ont pris également leur pouls capillaire d’heure en heure ; pour rendre toutes les conditions comparables, ils ont, chaque fois, à midi, déjeuné de la même quantité d’aliments solides et liquides.

Le travail intellectuel, prolongé pendant plusieurs heures, produit chez MM. C… et H… une diminution d’amplitude du pouls, avec une atténuation du dicrotisme et un déplacement du dicrotisme vers le sommet de la pulsation ; l’effet est de même ordre chez tous deux, mais plus accentué chez M. H… que chez M. C…

Chez M. H…, le pouls capillaire a été pris toutes les heures, depuis 2 heures et demie de l’après-midi jusqu’à 6 heures et demie ; à chaque épreuve, on l’a pris trois fois de suite, pendant deux minutes, en faisant les trois fois une application différente des appareils sur la main.

Voici les notes rédigées par le sujet lui-même, sur les deux jours d’épreuves qui eurent lieu le dimanche 10 mai et le mercredi 13 mai :