Page:Binet - Féré - Le magnétisme animal.djvu/27

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
17
L’ACADÉMIE DES SCIENCES EN 1784

effets appartiennent aux attouchements, à l’imagination, à l’imitation, en expliquant les effets obtenus par M. Deslon, expliquent également les effets produits par M. Mesmer. On peut donc raisonnablement conclure que, quel que soit le mystère du magnétisme de M. Mesmer, ce magnétisme ne doit pas être plus réel que celui de M. Deslon, et que les procédés de l’un ne sont ni plus utiles ni moins dangereux que ceux de l’autre.

Signé : Franklin, Bory, Lavoisier, Bailly, Majault, Sallin, d’Arcet, Guillotin, Le Roy »
Fait à Paris, le 11 août 1784.

La Société royale de médecine fit son rapport cinq jours après ; ce furent les mêmes conclusions. Mais un membre de cette commission, Laurent de Jussieu, se sépara de ses collègues et eut le courage scientifique de publier un rapport personnel où il exprima ses convictions sur le sujet.

De Jussieu avait fait quelques expériences qui lui paraissaient ne pas pouvoir s’expliquer par l’imagination ; ces faits démontraient, selon lui, que l’homme produit sur son semblable une action sensible par le frottement, par le contact et, plus rarement, par un simple rapprochement à quelque distance. Cette action, dit-il, attribuée à un fluide universel non démontré, appartient certainement à la chaleur animale, qu’il appelle ailleurs fluide électrique animalisé. Quant à la théorie du magnétisme animal, il ne la repousse pas en termes aussi absolus que Bailly, qui avait dit : l’imagination fait tout, le magnétisme est nul. Il se contente de dire — ce qui est infiniment plus sage — que la théorie du magnétisme ne peut être admise tant qu’elle ne sera pas développée et étayée de preuves solides. En somme, selon la remarque de Dechambre, on voit percer dans ce rapport l’idée que Mesmer est sur la trace d’une vérité féconde. Ce pressentiment du célèbre naturaliste devait être bientôt confirmé. Mais il y a plus ; certaines assertions de l’œuvre de Jussieu méritent d’être prises en considération, car elles renferment une part de vérité.

L’efficacité de l’action du contact et du frottement est prouvée par l’existence, chez certains sujets, de plaques hypnogènes (Pitres), dont le plus léger attouchement peut déterminer le sommeil somnambulique. Depuis longtemps, M. Charcot a montré le rôle des zones hystérogènes dont l’irritation détermine des manifestations convulsives ; or, ces zones ont leur siège de pré-

Binet et Féré
2