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L’ACADÉMIE DES SCIENCES EN 1784

« Les commissaires chargés par le roi de l’examen du magnétisme animal, en rédigeant le rapport qui doit être présenté à Sa Majesté, et qui doit peut-être devenir public, ont cru qu’il était de leur prudence de supprimer une observation qui ne doit pas être divulguée ; mais ils n’ont pas dû la dissimuler au ministre de Sa Majesté ce ministre les a chargés d’en rédiger une note, destinée à être mise sous les yeux du roi, et réservée à Sa Majesté seule.

« Cette observation importante concerne les mœurs ; les commissaires ont reconnu que les principales causes des effets attribués au magnétisme animal sont l’attouchement, l’imagination, l’imitation, et ils ont observé qu’il y y avait toujours beaucoup plus de femmes que d’hommes en crise ; cette différence a pour première cause les différentes organisations des deux sexes ; les femmes ont, en général, les nerfs plus mobiles ; leur imagination est plus vive, plus exaltée. Il est facile de la frapper, de la mettre en mouvement. Cette grande mobilité des nerfs, en leur donnant des sens plus délicats et plus exquis, les rend plus susceptibles des impressions de l’attouchement. En les touchant dans une partie quelconque, on pourrait dire qu’on les touche à la fois partout ; cette grande mobilité des nerfs fait qu’elles sont plus disposées à l’imitation ; les femmes, comme on l’a déjà fait remarquer, sont semblables à des cordes sonores parfaitement tendues et à l’unisson ; il suffit d’en mettre une en mouvement, toutes les autres à l’instant le partagent ; c’est ce que les commissaires ont observé plusieurs fois ; dès qu’une femme tombe en crise, les autres ne tardent pas d’y tomber.

« Cette organisation fait comprendre pourquoi les femmes ont des crises plus fréquentes, plus longues, plus violentes que les hommes, et c’est à leur sensibilité de nerfs qu’est dû le plus grand nombre de leurs crises. Il en est quelques-unes qui appartiennent à une cause cachée, mais naturelle, à une cause certaine des émotions dont les femmes sont plus ou moins susccptibles, et qui, par une influence éloignée, en accumulant ces émotions, en les portant à leur plus haut degré, peut contribuer à produire un état convulsif, qu’on confond avec les autres crises ; cette cause est l’empire que la nature a donné à un sexe sur l’autre pour attacher et l’émouvoir ; ce sont toujours des hommes qui magnétisent des femmes ; les relations établies ne sont sans doute alors que celles d’un malade à l’égard de son médecin mais ce médecin est un homme quel que soit l’état de maladie, il ne nous dépouille point de notre sexe, il ne nous dérobe pas entièrement au pouvoir de l’autre, la maladie en peut affaiblir les impressions sans jamais les anéantir. D’ailleurs, la plupart des femmes qui vont au magnétisme ne sont pas réellement malades ; beaucoup y viennent par oisiveté et par amusement ; d’autres, qui ont quelques incommodités, n’en conservent pas moins leur fraicheur et leur force ; leur sens sont tout entiers ; leur jeunesse a toute sa sensibilité ; elles ont assez de charmes pour agir sur le médecin, elles ont assez de santé pour que le médecin agisse sur elles ; alors le danger est réciproque. La proximité, longtemps