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L’ACADÉMIE DES SCIENCES EN 1784
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semaine et n’éprouvèrent rien, si ce n’est, de temps à autre, anrès plusieurs heures de séance, un peu d’agacement des nerfs, ou de douleur au creux de l’estomac, sur lequel Deslon appuyait la main. Cette expérience négative s’explique pour nous, car nous savons que les crises ont, comme le magnétisme, besoin d’un terrain prédisposé pour se produire. Les commissaires observèrent pour les sujets sensibles une extrême différcnce entre les traitements privés et publics ; ce qui s’explique encore facilement pour qui connaît la contagion de l’exemple dans toutes les manifestations hystériques. Ce qui frappa surtout les commissaires, c’est que les sujets ne tombaient dans leurs crises que lorsqu’ils savaient qu’on les magnétisait. Ainsi, dans des expériences conduites par Jumelin, ils observent le fait suivant : une femme parait être un sujet très sensible, elle sent de la chaleur dès que la main de M. Jumelin approche de son corps. On lui bande les yeux, et on lui persuade qu’elle est magnétisée, elle sent les mêmes effets. On la magnétise sans l’avertir, et elle n’éprouve rien. Plusieurs, comme elle, éprouvent des effets terribles quand on n’agit pas, et n’éprouvent rien quand on agit. Mais l’expérience la plus curieuse en ce genre fut faite en présence de Deslon confondu. Lorsqu’un arbre a été magnétisé, il doit arriver, selon la doctrine, que toute personne qui en approche éprouve des effets. On fait l’expérience à Passy, en présence de Franklin : Deslon magnétise un arbre d’un verger, puis on fait avancer, les yeux bandés, un jeune garçon de douze ans, très sensible au magnétisme. Au premier, au second, au troisième arbre, il éprouve un étourdissement ; au quatrième, à 24 pieds de l’arbre magnétisé, il tombe en crise, ses membres se raidissent, et on est obligé de le porter sur un gazon voisin où Deslon le fait revenir. Tout ce que ces expériences démontrent, c’est que l’idée préconçue peut déterminer les mêmes effets magnétiques que des moyens purement physiques. C’est une vérité bien connue des expérimentateurs. Nous savons parfaitement aujourd’hui qu’on peut endormir un sujet en lui persuadant simplement qu’il va s’endormir ; on arrive même, en usant de ce procédé, à le magnétiser à distance, en lui affirmant qu’il tombera en somnambulisme, tel jour, à telle heure, et dans tel lieu qu’il plaît de choisir.

Les commissaires qui ignoraient tous ces phénomènes, aujourd’hui bien établis pensèrent qu’on pouvait expliquer toutes les