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Ce mémoire, en effet, ne put être rédigé que sous le tègne de Philippe de Valois, puisqu’on fait allusion à Louis X, à Philippe V, à Charles IV et que l’on parle de la femme du comte de Hainaut, sœur du roy. Or, on ne peut désigner ainsi que Jeanne de Valois, épousée en 1305 par Guillaume Ier, dit le Bon. On dit également en parlant de ce comte : qui mors est derrains ; nous trouvons dans ces termes la preuve que ce mémoire fut rédigé peu après le 7 juin 1337, date de la mort de Guillaume Ier. Comme l’évêque d’Arras et Pierre de Cugnières furent chargés de faire leur enquête au sujet des limites de l’Ostrevant le 17 novembre 1337, on pourra donc dater ce mémoire, soit du dernier mois de cette année, soit, plus vraisemblablement, du courant de 1338.

À la suite de ce mémoire, Philippe de Valois dut sans doute prendre possession des lieux qui étaient contestés et occuper des villes sur lesquelles le comte de Hainaut prétendait avoit des droits ; c’est ce dont ce dernier l’accuse nettement dans le défi qu’il lui lança le 2 avril 1340 (n. st.)[1], après s’être rangé du côté d’Édouard III, roi d’Angleterre. Il reproche à Philippe VI de lui avoir fait « moult de grievetés en occupant et usurpant les metes et les parties de se conté de Haynnaut en pluseurs lieus en Ostrevant, à Saint Amans en Peble et vers les marches de ses castellenies d’Athe et de Leuse[2] ». Le comte de Hainaut ne combattit pas cependant longtemps aux côtés des ennemis de la France, car après les trêves d’Esplechin, conclues le 25 septembre 1340, il se retira et ne porta plus les armes contre notre pays.

Quelles qu’aient été les dispositions prises à la suite de l’enquête faite par l’évêque d’Arras et par Pierre de Cugnières, les comtes de Hainaut continuèrent pendant le reste du xive siècle à prêter hommage lige au roi de France pour l’Ostrevant. Il fut toujours également bien spécifié que cet hommage était seulement pour les terres situées hors de l’Empire, et que deux commissaires seraient nommés par chacune des parties pour faire une enquête, afin de savoir ce qui était du royaume et ce qui n’en était pas[3]. E, 1427, l’Ostrevant suivit le sort du Hainaut et passa aux pics de Bourgogne, puis à la maison d’Autriche.

  1. Kervyn de Lettenhove, Œuvres de Froissart, t. XVIII, p. 136, no 35.
  2. Ath, Leuze, Belgique, prov. de Hainaut.
  3. Voir, en 1352, 1353, 1366 et 1391, les hommages de Marguerite, comtesse