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ancien possesseur de ce manuscrit a cru y reconnaître une « Généalogie de madame Anne de Breteigne, royne de France, » et a écrit ce titre sur un feuillet de garde. Ballesdens, auquel il a appartenu[1] avant d’appartenir à Colbert, s’est contenté d’y mettre son nom.

Mais ces deux strophes sont-elles de P. Lebaud, de Mauhugeon ou de tout autre ? La réponse, comme on va en juger, ne saurait être catégorique. Voici, d’abord, non seulement ces deux strophes, mais celle qui les précède immédiatement dans le manuscrit 6012 et se trouve être la dernière dans l’édition de P. d’Hozier :

      Et eut la fille aisnée du duc Françoys à femme,
Qui trespassa à Nantes, Jesus-Crist en ait l’ame.
Il règne à présent, Dieu luy doint prosperer,
Et sa postérité à tousjour mais durer.

      Puis, en secondes nopces, iceluy duc Françoys
Espousa, à Cliczon, Marguerite de Foix,
De laquelle eut deux filles, Anne et Ysabeau,
Dont la puisnée fut mise à Rennes en tombeau.

     Et mys en sepulture près sa première femme,
Il fut de cueur piteux, Dieu en veil avoir l’ame.
Ainsi demeura Anne seulle fille héritière
Du duché de Bretaigne, qui lors n’estoit entière.

Finis.

Il suffit de lire ces strophes pour voir que les deux dernières sont le résultat d’une addition et ne faisaient certainement pas partie de l’œuvre primitive. On ne comprendrait pas, sans cela, que l’auteur, après avoir dit, en parlant du duc François II :

Il règne à présent, Dieu luy doint prospérer ;

n’eut pas modifié ce vers, alors qu’il ajoutait un peu plus loin que le même duc avait été « mis en sépulture » près de sa première femme.

  1. Nous ne l’avons pas retrouvé, toutefois, dans l’inventaire de ses livres rares et manuscrits, publié par M. L. Brièle : la Bibliothèque d’un académicien au XVIIe siècle. Inventaire et prisée des livres rares et des manuscrits de J. Ballesdens suivis de son testament. Paris, 1885, in-fol. Extrait des Documents pour servir à l’histoire des hôpitaux de Paris, t. IV.