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tagne Sainte-Geneviève[1]. Et ils conservaient sans aucune modification la magnète décrite par Guyot de Provins :

… pierre laide et brunette
Ou li fers volentiers se joint… ;
Puis c’une aguile l’ont touchié
Et en un festu l’ont fichié,
En l’eve le metent sanz plus
Et il festuz la tient desus[2].

En 1319, il n’est toujours question, dans les inventaires de galères marseillaises, que de « lapis ac aculea de navegari[3], » et, en 1379, dans l’inventaire du mobilier de Charles V, que d’« aiguylle de mer, en ung estuy de cuivre » ou « en ung estuy de cuyr boulli[4]. » Ceci soit dit pour les gens qui nous gratifient de l’invention de la boussole, pour la simple raison que le nord y est indiqué par une fleur de lis.

Pendant ce temps, l’imagination méridionale, restée en éveil, est en quête de nouveau : « Les capitaines qui voyagent dans la mer de l’Inde ont une sorte de poisson de fer très mince, creux et

  1. Alexandri Neckam De naturis rerum libro duo, éd. Thomas Wright. London, 1863, in-8o, lib. II, cap. xcviii, p. 183. — G. Cave, Scriptorum ecclesiasticorum historia litteraria. Oxford, 1742, II, p. 286. — Bulletino di bibliografia e di storia delle scienze matematiche e fisiche, de Boncompagni. Roma, 1868, in-4o, I, p. 103 ; article sur Alexandre Neckam, par le P. T. Bertelli. — En 1218, Jacques de Vitry décrit également l’aiguille aimantée. (Historia hierosolimitana, cap. lxxxix.)
  2. Bibl. nat., ms. fr. 25405, fol. 93 vo, Bible Guiot de Provins ; le texte porte les leçons fautives de « brunière » pour « brunette » et « touchié » pour « fichié. » — Traité de la navigation et des voyages de descouvertes et conqueste moderne et principalement des François, avec une exacte et particulière description de toutes les isles Canaries. Paris, Jean de Heuqueville, 1629, in-12, p. 7-11. — Rey, Origine française de la boussole. Paris, 1836. — Jal a discuté avec soin la question de savoir s’il fallait lire « manette, marinette, manière ou marinière. » (Archéologie navale, I, 204.) Il conclut pour « magnète, » aimant. — Cf. une autre description de l’aiguille aimantée utilisée par Brunetto Latini et publiée par M.  Delisle dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, t. LIV, p. 409.
  3. Publiés par moi dans les Mélanges d’archéologie et d’histoire publiés par l’École de Rome, t. XIII : Une escadre franco-papale (1318-1320), tirage à part, p. 23.
  4. Un étui de cuivre est orné de « trois ymages en estant. » (Jules Labarte, Inventaire du mobilier de Charles V [Documents inédits]. Paris, 1879, in-4o ; articles 1988, 2259, 2646.)