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fils de Laïus, vainqueur de l’être fantastique. Où est-elle ? Avec ce but fixe de sa vie il entra dans le désert, non sans avoir auparavant escaladé, avec l’aide des Bédouins, les Pyramides, voulant éprouver la terreur vertigineuse que l’étranger ressent en visitant ces masses imposantes.

Le désert n’était-ce pas l’image de sa vie ? Ses pas s’y enfonçaient géométriquement, systématiquement, réguliers, uniformes comme tous les jours de son existence. Les collines, les vallons, qu’il y découvrit, il les comparait aux émotions violentes qu’il avait quelquefois éprouvées, aux heures où il avait cru enfin pouvoir réaliser son rêve ; les courants ondulés, aplanis, sans trêve, c’était la réalité, c’était la vie qui passe où le sable poudreux efface toutes les illusions : l’oasis, où quelquefois sur sa route il abreuvait ses lèvres desséchées, c’était les douces rêveries de cet amour idéal qui l’avait jusqu’alors préservé des amours vulgaires, lui conservant toute l’ardeur de ses nobles tendresses, pour cette femme souhaitée, pour cette nature divinatrice, vers qui les élans passionnés de son cœur le poussaient. Ainsi il avait passé sa première jeunesse, ainsi il avait souffert, ainsi il avait aimé, soutenu par cette flamme mystique, le faisant une exception aux autres hommes. Sa grande érudition, son ardeur pour l’étude des choses abstraites, l’a-