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plus le pouvoir de prononcer une parole pour lui faire connaître la vérité, portant la main de Mlle  de Soulanges à ses lèvres, il lui murmura de cette voix douce et pénétrante qui lui avait acquis l’amour de tant de femmes.

— Noémie, votre douleur m’enlève tout énergie. Chère enfant, donnez-moi l’exemple du courage. Racontez-moi vos chagrins puisque j’ai la consolation d’être près de vous. Mais lorsque vous connaîtrez mon passé, lorsque vous m’aurez ordonné de vous quitter, rappelez-vous que mon cœur vous appartenait tout entier ; que jamais aucune femme ne pourra vous y remplacer, que pour vous savoir à moi j’aurais affronté tous les dangers, souffert toutes les misères et me serais senti heureux de pouvoir à ce prix conserver votre amour. Si un jour vous m’avez pardonné et vous souvenez du malheureux qui vous aimait tant, rappelez-vous que jamais il n’a pu vous oublier.

— Georges, fit la jeune femme en étouffant ses sanglots, ah ! je ne suis pas digne d’un tel amour. Tandis que ma conscience m’ordonnait de vous fuir, de vous éviter les tourments de mon âme, je ne vous ai rien dit. Georges, me pardonnerez-vous jamais de vous avoir trompé ? depuis sept ans je suis mariée au baron de Maldigny, le nom que je porte n’est pas le mien.